Donovan Kyle Turner, tel est le nom qui m'a été attribué à ma naissance. Un vrai nom de ricain, comme mon père les aime, car, selon lui, il faut être fier de sa patrie et il était donc hors de question d'appeler son héritier par un nom de "tapette suédoise" comme il dit. Enfin, héritier c'est vite dit, mon nom de famille c'est Turner, pas Gates, et y a pas une thune à hériter dans ma famille. cependant, je ne m'en plains pas, j'aime ma famille, aussi étranges, gueulards et pro Américains soient-ils. Un soir de février 1987, je suis né dans cette ville qu'on surnomme la grosse pomme : New-York. J'adore New-York, il y a tout dans cette ville : des buildings, des magasins, encore des buildings, des gens qui polluent, des connards qui ne savent pas conduire, y a tout je vous dis! Mes parents aussi adorent New-York et c'est pour ça qu'ils y ont vécu toute leur vie. Je me plaisais donc dans ma ville natale, vous l'avez sans doute compris, mais malgré tout je rêvais d'ailleurs, je voulais voir le monde. J'aurais voulu voir Paris, manger des croissants et des escargots en chantant du Edith Piaf ou encore j'aurais pu aller à Londres et boire du thé dans une tasse à l'effigie de la reine d'Angleterre. J'avais 23 ans, je n'avais pas de travail et donc rien qui me retenait à New-York, j'avais le monde entier à portée de main. Alors, un jour, je me suis levé, je suis allé voir mon père et j'ai dit "- Papa, je m'en vais, je vais voir le monde, adieu !" et mon père lui m'a demandé avec quel argent j'allais "voir le monde". c'est à ce moment-là que je me suis dit qu'il était peut-être sénile, mais pas con le vieux. cependant, je ne me décourageai pas, car s'il y a quelque chose que vous devez savoir sur moi, c'est que j'ai de grands rêves et que je donne toujours le meilleur de moi-même pour les réaliser. Tant pis pour Paris et Londres, après tout, ces villes sont pareilles que New-York, mais en moins polluées, alors est-ce que ça vaut vraiment le coup ? Bref, des sous j'en avais quand même un peu, j'avais travaillé en tant que serveur dans un café près de chez moi et j'avais gardé l'argent de côté pour passer mon permis de conduire (désolé papa).

J'ai donc fait mes bagages et j'ai pris l'avion. Quelques heures plus tard, j'arrivai à Tahiti et une nouvelle vie s'offrait à moi. Bon d'accord, c'était au Texas, mais peu importe. Je disais donc, une fois arrivé au Texas, à Dallas plus précisément, je me mis en quête d'un appartement. Je n'avais pas beaucoup d'argent et je ne pouvais vraiment pas me permettre de dormir à l'hôtel très longtemps. Par chance, j'ai le contact facile, j'ai donc vite sympathisé avec un propriétaire qui m'a loué un appartement alors que j'étais sans économies et sans boulot. Mon appartement était minuscule, la porte d'entrée grinçait comme les portails qui mènent aux maisons hantées et j'avais de temps en temps la visite d'un ou deux rats, mais peu m'importait, j'étais chez moi. J'ai rapidement trouvé un boulot de gardien dans un hôtel appelé l'Overlook. Je devais m'y rendre l'hiver afin de surveiller la chaudière, mais hélas il s'avéra que l'hôtel était hanté. Bon d'accord j'avoue ça c'est le scénario du film Shining, mais laissez-moi ajouter un peu de piment dans ma vie quand même. J'étais agent d'entretien voilà, vous êtes content ? Non, mais je sais bien qu'il n'y a pas de sous-métiers, mais il y en a quand même qui sont moins bien rémunérés que d'autres si vous voyez ce que je veux dire ! Bref, vous devez vous demander ce que je faisais de ma vie quand je n'étais pas en tain de récurer des chiottes et bien figurez vous que je faisais du sport. Je faisais du football plus précisément et j'en fais toujours d'ailleurs. Ma mère n'a jamais compris pourquoi j'aime ce sport, elle me répétait sans cesse "-Donie chéri, je sais que papa et maman t'ont dit qu'ils n'ont pas beaucoup de sous, mais on peut t'acheter un ballon tu sais, tu n'es pas obligé de courir après celui des autres pour le leur voler". Non, ma mère n'est pas bête, elle a simplement du mal à comprendre certaines choses, c'est tout. Revenons en à nos ballons, je vous disais donc que je faisais du football. ce sport est une réelle passion pour moi et j'avais même réussi à intégrer un petit club à l'époque. J'étais attaquant et je peux vous dire que j'en ai marqué des buts, au moins trois.

Et puis arriva ce jour qui semblait avoir commencé comme tous les autres et je n'aurais pas pu imaginer ce qui m'attendait. c'était un samedi et j'avais un match décisif contre une équipe avec un nom à la con du genre "Les toucans de Seattle". cette journée ne fut pas seulement mémorable parce que j'ai marqué deux buts contre l'équipe adverse, non, ce fut également LA première fois que je vis Alexie, ma fiancée. Elle était là, perdue dans un public de 50 000 spectateurs et pourtant je n'ai vu qu'elle. Vous savez, on parle souvent du coup de foudre, du fait que ça change un homme et bien désormais je peux le dire : c'est une légende urbaine. Ne soyez pas trop triste, il fallait regarder un épisode des feux de l'amour si vous vouliez des clichés romantiques. J'ai donc fait la connaissance d'Alexie après le match et même si ça n'a pas été le coup de foudre au premier regard, il faut avouer qu'elle était sacrément belle ce jour-là. Elle l'est toujours, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. Alexie était venue voir jouer un mec de mon équipe (un piètre joueur d'ailleurs si vous voulez mon avis, il n'a pas marqué un seul but de la saison), mais c'est finalement avec moi qu'elle est repartie. Je la trouvais belle,  intelligente, mais pas plus que moi donc c'était parfait et en plus elle riait à mes blagues. Aujourd'hui, elle vous dirait qu'elle se forçait, mais c'est un mensonge évidemment. Alexie et moi avons donc sympathisé et un jour nous sommes sortis ensemble. c'était il y a quatre ans déjà. Vous dire que je m'y attendais serait vous mentir, elle est arrivée dans ma vie de façon totalement imprévisible. Je n'aime pas trop me la jouer lover, mais faut avouer que cette nana est cool quand même. Quand je traînais avec elle, je ressentais ce petit quelque chose qu'il n'y avait pas avec les autres filles, certains diront que c'est ce qu'on appelle l'amour et moi je dirais qu'ils ont raison. Le temps passait et Alexie et moi étions toujours ensemble et au bout de deux semaines de relation, je vivais officiellement la plus longue relation que je n'avais jamais eue.

Au bout d'un an, on a pris la décision de s'installer ensemble, mais on ne voulait pas rester à Dallas, quitte à prendre un appartement à deux, autant changer de ville en même temps, non ? Bref, un jour Alexie est tombée sur un article dans le journal qui parlait d'une petite ville paisible et elle décréta qu'on devait absolument s'installer là-bas. Nous partîmes donc en direction de Marple Spring, une petite ville située non loin de Détroit. Ici, pas de buildings ou de pollution, mais ce n'était pas grave, puisque je n'étais plus seul désormais. On s'est rapidement trouvé un appartement situé au centre-ville, ce n'est toujours pas le grand luxe, mais c'est déjà mieux que l'appartement aux rats que j'occupais à Dallas. Alexie s'est trouvé un travail en tant qu'adjointe du shérif (ce qui lui correspond plutôt bien étant donné qu'elle vient du Texas, vous savez, les chapeaux de cowboy, tout ça) et moi, à défaut de boire de l'alcool, j'en sers aux autres dans un bar appelé le Mambo's bar. Parfois je fais deux trois petits boulots à côté pour me faire un peu d'argent supplémentaire, car désormais je ne suis plus seul et je dois subvenir aux besoins de deux personnes. ce n'est pas facile tous les jours, pour être honnête. Alexie vient d'une famille assez riche et elle aime les belles choses, ce que je comprends. Moi de mon côté, j'ai beau accumuler les boulots et avoir toutes les ambitions du monde, je ne suis pas en mesure de satisfaire tous ses désirs. Des disputes il y en a c'est vrai, parce qu'elle dépense trop, parce que moi je n'aime pas dépenser de la thune dans tout et n'importe quoi, alors forcément on n'est pas d'accord. Il y a la routine aussi que j'ai réussi à casser pendant un temps en lui demandant de m'épouser, mais qui revient à la charge et qui commence à nous bouffer petit à petit. Non, ce n'est pas facile, mais j'aime toujours Alexie, même si dernièrement, il y a une personne qui prend de plus en plus de place dans mes pensées. Il y a cette femme qui tourne autour, qui fait sa danse, qui sème le doute et qui m'arrose de ses sourires, mon dieu que la sensation est douce.