La transition entre l’Aphrodisia, le club où je travaillais avant à Santa Monica, et le Penthouse s’était passée encore mieux que j’aurais pu l’imaginer. Je me doutais bien que cela n’allait pas être trop gênant, compte tenu que non seulement, je connaissais plus que bien le propriétaire, et que j’avais déjà su m’adapter plus d’une fois d’un endroit à un autre. Toutefois, c’était la première fois que j’entrerais dans un établissement en étant non seulement employée, mais également la femme du patron. C’était probablement cela qui me faisait le plus peur au moment de mon arrivée, mais finalement, le tout s’était on ne peut plus bien déroulé, alors je n’avais pas à me plaindre. Plus encore, j’étais maintenant enthousiaste, chaque soir que je travaillais, de me rendre au Penthouse et aller danser, puisqu’après tout, c’était ce que j’aimais le plus faire – sauf peut-être quelques cochonneries avec mon mari, mais ça ne regardait que moi – et j’étais persuadée que jamais je ne pourrais m’en lasser. Une fois le soir venu, je ne me fis donc pas prier pour quitter la maison en compagnie de mon mari pour qu’on puisse se rendre au Penthouse. Une fois sur place, je laissai mon homme se rendre à son bureau tandis que de mon côté, j’allais en coulisses pour me préparer pour le spectacle de ce soir. Une heure après, tout au plus, l’Aphrodisia ouvrit ses portes et la soirée put commencer. Dès que ce fut mon tour, je me rendis alors sur scène, et comme je le faisais chaque soir je fis mon numéro, me déhanchant, retirant mon costume morceau par morceau jusqu’à ce qu’il reste que le strict minimum. Certes, au goût de certains, j’aurais pu en retirer plus, mais ce que j’aimais dans le principe de cet endroit, c’était que ça ne devenait jamais trop vulgaire ou dégradant pour les danseurs. Puis, une fois que ce fut terminé, je retournai en coulisses en attendant mon prochain numéro. Habituellement, j’en profitais pour prendre un peu d’eau, me changer de costume si applicable, et me redonner une touche de maquillage au besoin. Ça. Je pouvais le faire tranquillement, puis qu’outre quelques discussions légères de temps à autre, je n’avais pas de quoi me déranger. Cependant, dès que je fus de retour au calme, un de mes collègues m’apostropha en me disant que mon frère était là. Pendant un instant, je demeurai choquée de cela, si bien que je crus à une blague. Murmurant un « C’est pas possible… », je me rendis au bout des coulisses pour avoir un œil sur la salle pour voir un visage qui fit mon cœur manquer un temps, un visage que je n’avais pas vu des années, soit celui de mon cadet. Troublée, je me retournai de nouveau vers le serveur, et je lui dis : « Dis-lui de venir ici… » en pinçant les lèvres, tandis que je ne pouvais m’empêcher de suivre mon collègue du regard, curieuse de voir si ce serait ce qu’il ferait immédiatement ou s’il allait attendre un peu. Quoiqu’il en soit, moi, je ne pouvais pas attendre de lui parler, qu’importe si je manquais mon prochain numéro ou non.  

L’attente qui s’installa au moment où mon collègue quitta la loge me parut très rapidement interminable. Tellement que je ne savais pas vraiment quoi faire pour me calmer et que par conséquent, je ne sus pas faire mieux que de commencer à me poser une tonne de questions. Et si ce n’était pas lui ? Et si c’était une mauvaise blague de ma part ? Ces deux questions me parurent soudainement un peu idiotes, parce que je parlais que rarement de ma famille, alors personne ne pourrait me faire une farce du genre, surtout pas ici, alors que je ne connaissais pas encore grand-monde. La seule personne qui était au courant de la relation que j’avais avec mon frère était mon mari, Ezio, et encore là, s’il me faisait une mauvaise blague du genre, il n’aurait pas le droit de me toucher pour un siècle. Puis, maintenant que j’avais confirmé l’hypothèse que c’était bel et bien lui, d’autres questions apparurent dans mon esprit; qu’allait-il me dire ? Comment je ferais pour lui parler ? Que pourrais-je lui dire ? Étais-je présentable ? Cette dernière question me fit alors soudainement réagir, et je me retrouvai à me considérer dans le miroir, en tenue de scène. C’était une tenue de strip-teaseuse, je ne pouvais pas le nier, mais pour moi, dans les circonstances actuelles, c’était quand même présentable. Cependant, pour ne pas causer une gêne, devrais-je enfiler quelque chose ? Un t-shirt, un peignoir ? Avant même que je puisse répondre à cette interrogation, j’entendis frapper à la porte, me laissant alors figée pendant une seconde. Le ton un peu hésitant, je dis : « Entrez ? » et je me retournai, les mains dans le dos de nervosité, pour arriver effectivement face à mon cadet. Cela faisait des années que je ne l’avais pas vu en face, mais je le reconnaitrais entre mille, et je pouvais assurer que c’était bel et bien lui. Le cœur battant la chamade, je pinçai les lèvres, ne sachant que dire autre qu’un maigre « Salut… » en guettant attentivement sa réaction. Allait-il me hurler dessus ? Me parler froidement ? Franchement, j’étais prête à toute éventualité. Cependant, il n’eut ni l’une, ni l’autre de ces réactions; à la place, il s’approcha et me prit dans ses bras. Au début, je m’en montrai quelque peu choquée, puis ne pouvant qu’être rassurée par son étreinte, ne pouvant nier que celle-ci me faisait du bien, je la lui rendis, laissant un moment de silence s’installer pendant lequel je le serrai contre moi avant de lui dire : « Tu m’as tellement manqué… » en ne sachant pas trop si c’était la meilleure chose à lui dire, mais c’était ce que je ressentais au fond de moi-même, et je ne pouvais pas le cacher, pas dans la situation présente.