Pour vous raconter l'histoire de ma vie, je vais vous présenter quelques parties de mon journal que j'ai tenu depuis l'âge de sept ans. Evidemment, je ne vous présenterais pas toutes les journées où j'ai pu écrire dedans, mais seulement les plus importantes, il y aura parfois plusieurs années entre chaque jour de journal. Bonne lecture à tous, et préparez-vous à découvrir des évènements plus ou moins triste, de ma plus tendre enfance, à maintenant.

20 juillet 1995.
« Cher journal. Aujourd'hui, c'est mon anniversaire, j'ai sept ans tout rond. Tous le monde dit que je grandis trop vite, papa et maman se sentent de plus en plus vieux. Mon frère jumeau, Even, lui aussi a eu sept ans, il est né seulement 15 minutes avant moi. Je l'aime tellement Even, c'est mon meilleur copain ! Pour mes sept ans, j'ai eu mon premier journal intime. Enfin, je dois encore écrire pleins de choses dedans et je compte bien te raconter tout mes petits secrets. J'espère que tu seras comme mon meilleur ami, il s'appelle Calvin. Calvin c'est mon seul ami, depuis que je suis rentrée à l'école, on est toujours tous les deux, et même que les autres disent qu'on est amoureux, mais moi je leur réponds que c'est juste mon ami. Mon seul ami, à qui je fais confiance. Alors toi, journal, tu seras mon deuxième ami, à qui je dis tout. J'espère que Calvin ne sera pas jaloux. Tu dois savoir qu'à l'école, je suis très forte. Je suis une très bonne élève, et tous les professeurs disent que plus tard, je ferais de grandes études. Moi, ça me fait peur tout ça. Je préférerais rester une petite fille. Bon, je dois te laisser, c'est l'heure de manger le gâteau, j'ai eu la permission de me lever de table pour venir écrire ma première page. A bientôt. »

27 août 1995.
« Cher journal. Nous sommes revenus de vacance. Nous sommes partis à Miami. J'avais oublié de te dire que papa et maman étaient riches, en fait toute notre famille est riche. Je n'ai jamais bien compris pourquoi, apparemment ce sont nos ancêtres qui nous ont laissé de grosses richesses, je suis peut-être trop petite pour comprendre. J'ai passé des supers vacances en tout cas ! Je me suis beaucoup amusée avec Even, comme d'habitude j'étais toujours avec lui. On a fait des châteaux de sables, et papa nous a même appris à surfer. J'adore les vacances avec ma famille, nous sommes très unis tu sais ? On s'aime beaucoup, on adore faire des sorties tous ensemble. Je suis triste parfois quand je pense aux pauvres enfants qui ne vivent pas le bonheur que moi je vis. Tous le monde devrait avoir une famille comme la notre. Les Clarks sont les meilleurs ! Calvin m'a beaucoup manqué. J'aurais aimé qu'il parte avec nous, mais ses parents sont partis en Italie, ah oui, Calvin est d'origine italienne. C'est pour ça que je le trouve trop beau d'ailleurs. Mais je lui dis toujours qu'il est moche et qu'il sent mauvais, parce que je ne veux pas qu'il croit que je suis amoureuse de lui. Oh  non, Calvin, c'est mon meilleur ami. Il est tard, je suis fatiguée du voyage, alors je vais te laisser. A bientôt. »

15 septembre 1995.
« Cher journal. La rentrée des classes est passée, et je dois t'avouer que je suis la plus heureuse ! Devine dans quelle classe je suis ? Celle de Calvin ! Je ne serais pas seule, et heureusement. En ce moment, Calvin et moi, c'est trop bizarre ! Tu sais ce qu'il m'a fait l'autre fois quand on jouait dehors ? Il m'a fait un bisou sur la bouche ! J'étais vraiment étonnée, c'était assez surprenant, parce que j'avais jamais fait de bisous sur la bouche à quelqu'un, à part à papa et à Even, mais c'est pas les mêmes bisous ! Tu crois que Calvin est amoureux de moi ? Moi je connais rien de tout ça c'est des trucs de grands ! J'ai trop peur maintenant, mais en tout cas, je m'éloignerais jamais de mon Calvin !  A la maison, tout se passe bien. Even était malade cette semaine, et je l'ai soigné, comme un vrai docteur, il était très content. Even, c'est tout pour moi. Si tu savais à quel point je l'aime mon frère jumeau ! Bon, je vais aller faire mes devoirs maintenant. Je continue de bien travailler à l'école, tous le monde est très fière de moi. A bientôt. »

20 juillet 2000.
« Cher journal. Aujourd'hui, j'ai 12 ans. Even aussi, tu l'auras compris. C'est un jour familial comme d'habitude et encore une fois, je viens t'écrire avant d'aller manger le gâteau, comme il y a 5 ans, la première fois que je t'ai eu. Les pages du journal commence à être fini, on arrive aux dernières, mais je me suis attachée à toi. Oui, je me suis attachée à un journal, et d'ailleurs Even arrête pas de se moquer de moi, il dit que je suis encore un bébé dans l'âme. Mais bon, on s'aime toujours autant rassure-toi. Peut-être même plus qu'avant. Avec Calvin, on se fait des bisous sur la bouche parfois, comme les grands, enfin juste un petit mouak quoi... Mais c'est bizarre. On est incapable d'être loin l'un de l'autre plus de trois jours. D'ailleurs on part en vacance ensemble cette année. On ne veut pas être séparer aussi longtemps. Tu penses que plus tard ça sera mon amoureux ? Mon mari ? Je suis encore un peu jeune pour penser à ça. Mais bon, on verra bien, pas vrai ? J'aime pas ça l'amour moi. Maman m'a dit qu'à mon âge ça fait pleurer. J'ai pas envie de pleurer moi, c'est nul d'être triste. Alors je continue de travailler à l'école, et continue de considérer Calvin comme mon meilleur ami. Je te laisse, le gâteau m'appelle. A bientôt. »

16 septembre 2005.
« Cher journal. J'ai eu 17 ans. 10 ans déjà que je t'ai près de moi. Comme promis, je t'ai gardé, et j'ai rajouté des pages à chaque fois que j'ai eu envie de t'écrire. Le lycée, c'est dur, et pourtant je suis toujours l'élève modèle. Je suis considérée comme une intello, tu vois ? Moi je suis loin de ces pétasses populaires qui sortent avec les beaux basketteurs. D'ailleurs, j'ai toujours que Calvin. Mais Calvin, fait parti des beaux garçons basketteurs et populaires. Il se fait beaucoup titiller par ses amis parce que sa meilleure amie est la jolie intello du lycée, il me répète sans cesse qu'il s'en fiche, mais je sais bien que non. Je vois bien que ça le gêne, d'ailleurs il s'éloigne de moi. Et journal, tu devineras jamais quoi. J'ai couché avec Calvin, une seule fois, ma première fois. Je suis totalement folle, je sais pas ce qui nous a pris, mais c'était fort. Il m'a embrassé, et voilà, ça s'est passé. Je commence à me poser de plus en plus de questions. Mais qu'est-ce qui cherche bordel ? JE HAIE L'AMOUR ! Puis ces espèces de blondasses qui lui tournent autour … Je suis jalouse ? Non, merde, je suis jalouse ! Me dis pas que je suis amoureuse, pas de Calvin, non ! Raaah je suis totalement perdue. Pourquoi c'est si compliqué ? Je crois que je devrais m'éloigner de lui. Mais j'en suis incapable. On verra bien ce que ça donne toute façon. A côté de mon côté intello, on me surnomme la rigolote. Parce que je suis une intello qui fait des blagues tu vois ? En fait, c'est pour ça qu'on m'a pas bizuté et qu'on m'embête pas je crois. Parce que même si j'ai que Calvin, et une autre intello de ma classe (bien que ça soit pas ma grande copine) ben je suis carrément timbrée. Even cet imbécile dit que je devrais être comédienne ou comique. D'ailleurs en parlant de lui, il s'est acheté une moto. Et je déteste ça. Il roule trop vite et ce con est tombé plusieurs fois déjà. A chaque fois c'est moi qui le soigne, comme quand on était petit. Il y a pris goût, mais bon ça me gêne pas. Je me dis que je devrais être infirmière plus tard. On verra bien pas vrai ? Je te laisse, je vais aller étudier la littérature. J'ai que ça à faire, Calvin doit être avec ses groupies... A bientôt. »

18 février 2010.
« Cher journal. Aujourd'hui, c'est un jour difficile pour moi. Et tu vois, je me sens seule. Even est à l'hôpital depuis hier. Actuellement, je suis près de lui, je le regarde dormir profondément. Il a eu un accident de moto. Tu te souviens, je t'avais dit que je détestais sa moto. C'est horrible, c'est affreux de le voir comme ça. Si tu savais à quel point je souffre. Je ne veux pas perdre Even, c'est toute ma vie. C'est ma moitié, mon double. Qu'est-ce que je vais devenir si il ne s'en sort pas ? Non, il est fort, il va se battre ! Il a pas le droit de m'abandonner pas lui ! Là tu vois, je sais qu'il me taperait si il savait à quel point j'étais triste. Alors je vais te parler de moi. Sayer, je suis infirmière. Je t'avais dit que j'y prendrais goût, à force de soigner Even lorsqu'il était malade. Calvin, à quant à lui, tout s'est arrangé entre lui et moi. L'université l'a changé, il est redevenu sérieux, et il n'y a plus d'ambiguité entre lui et moi, même si notre relation reste étrange. On a recouché ensemble plusieurs fois, sans aller plus loin ensuite. Je trouve ça particulièrement malsaint et Even ne serait pas content d'apprendre ça, mais c'était plus fort que moi, que nous. Mon Dieu, aidez Even.  Qu'est-ce que je vais devenir si il part ? Pas lui, il n'a pas le droit. Les médecins disent que son état est stable, mais ils ne savent pas si il se réveillera un jour... Cette idée me brise le cœur. Maman pleure. Papa aussi. Moi aussi. D'ailleurs, ils vont arriver. Je te laisse. A bientôt. »

25 mars 2010.
« Cher journal. Aujourd'hui, c'était l'enterrement d'Even. Even est mort il y a une semaine. Il ne s'est pas réveillé, son cœur s'est arrêté. Ma vie est brisée. Il me manque déjà. Je repense à son sourire, son rire. J'ai perdu ma moitié. J'ai perdu ma vie entière. Je ne sais même pas comment j'arrive à écrire. Je crois que c'est le seul moyen que j'ai d'évacuer toute ma tristesse. J'ai songé à aller le rejoindre. Mais il aurait refusé ça. Il aurait refusé que je mette fin à ma vie, Even m'aimait beaucoup trop pour ça. Papa et maman sont malheureux. Nous souffrons tous. J'ai perdu mon frère jumeau à 22 ans. C'est vraiment douloureux. Calvin m'aide beaucoup. Il dort avec moi depuis environ deux semaines maintenant. La nuit je fais des cauchemars et il est là pour me soutenir. Il est aussi très triste de la perte de mon frère qui était un très bon ami. J'ai ouvert une lettre que Even m'avait écrit. Il me disait que j'étais la petite femme de sa vie, qu'il était fière de moi, qu'il m'aimait. J'ai cru que j'allais m'écrouler au sol. Even, reviens je t'en supplie. Ne m'abandonne pas. Je veux que tu m'insultes de gamine quand tu me vois écrire dans le journal, je veux que tu me frappes lorsque je dis que tu as un petit zizi ! Je t'en supplie, reviens. Ne me laisse pas dans ce monde d'égoïste, ne laisse plus maman pleurait, papa boire. Je t'en prie. Pourquoi t'es parti ? Pourquoi t'as acheté cette putain de moto ? Je la déteste, je déteste la vie ! Je t'aime. »

20 juillet 2011.
« Cher journal. Aujourd'ui j'ai 23 ans. Je suis revenue ce matin de Paris, où j'ai vécu une difficile année. J'ai sombré dans une profonde dépression. Et à mon retour, le choc ne fut pas moindre. Papa a commença à battre maman, parce qu'il a commencé à boire quand Even est mort. J'ai retrouvé maman avec un cocard, des bleus. J'ai eu la peur de ma vie. Papa était ivre quand je suis arrivée. Il ne m'a même pas adressé la parole. Ma famille est brisée. Calvin a une petite amie. Elle est horriblement moche et moi, je suis affreusement jalouse. Je ne sais pas trop où j'en suis avec lui. Even me manque, mais j'ai décidé de reprendre ma vie en main. J'ai décidé de retrouver mon caractère de folle, de blagueuse, pour lui, parce qu'il m'aimait comme ça. Même si derrière ça, se cache un profond malheur, une profonde tristesse. Je ne voulais pas la montrer. J'ai décidé de prendre du repos pendant quelques semaines avant de retrouver du travail en tant qu'infirmière. J'ai appris beaucoup de choses en France, ça serait très bon pour ma carrière. J'espère pouvoir soigner des gens comme Even, qui ont eu des accidents horribles, mais eux, pouvoir les sauver. C'est pour cette raison que j'ai choisi ce métier. Mais mon rêve, tu sais c'est quoi ? Devenir sage-femme. Je ne sais pas pourquoi. J'ai vu mon frère mourir, mais moi, je veux aider les femmes à donner la vie. Je crois qu'en réalité, j'ai envie d'avoir un enfant. Mais je suis encore jeune. Je te laisse, je vais visiter un appartement. A bientôt. »

25 janvier 2015.
« Cher journal. Voilà maintenant presque 4 ans que je ne parle plus à maman. Elle s'est laissée abattre et papa continuait de la frapper. Alors du jour au lendemain, nous nous sommes laissés. C'est très douloureux de ne pas avoir de lien avec le peu de famille qu'il me restait. Mes parents me manquent, je sais qu'ils souffrent encore de l'absence d'Even. Et d'ailleurs, il me manquent aussi terriblement.  Je vais avoir 28 ans. 28 ans déjà. Le temps passe si vite. C'est douloureux d'être sans mon jumeau. A chaque anniversaire, depuis sa mort, je suis incapable de fêter quoique se soit. Il manque une partie de moi à chaque instant, à chaque moment passé sans lui. Je prie parfois, espérant qu'il revienne ou qu'il me donne un signe, je rêve qu'il est encore là. Je me dis qu'il ne sera pas là à mon mariage – si je me marie un jour – et qu'il ne verra pas mes enfants grandir, si j'en ai un jour aussi évidemment. D'ailleurs, en parlant d'enfant, je songe de plus en plus à reprendre des formations pour devenir sage-femme. C'est un rêve, une réelle envie que j'ai envie d'accomplir. En vérité, j'ai envie d'être maman mais je suis trop têtue pour l'admettre. Even me pousserait à trouver un homme bien si il était là, je le sais. Calvin, Calvin aurait été bien. Rassure-toi, il est toujours dans ma vie, c'est toujours mon meilleur ami, mais cet imbécile est fiancé maintenant. Et tu sais quoi ? On a couché ensemble il y a un mois. Il s'est enfui comme un lâche pour venir s'excuser quelques jours après. Je suis totalement perdue tu sais ? Je crois que je suis amoureuse de lui. Non j'en suis sur en fait. Mais notre histoire est interdite, impossible je dirais même. On n'aurait pas le droit de gâcher notre amitié. Et puis il va se marier. Nous avons beaucoup regretté notre dernière nuit ensemble, même si elle était fabuleuse. Quand on se voit, c'est toujours tendu, une tension règne, une tension bizarre, une attirance je crois. Even me répétait sans cesse que je finirais ma vie avec Calvin. Mais moi, j'en doute. Je serais témoin de son mariage. Je n'ai réellement pas envie d'y aller mais c'est mon meilleur ami, c'est mon devoir d'être là pour le plus beau jour de sa vie. J'aurais aimé être la place de cette garce. Je la haie, je ne la sens pas, quelque chose cloche chez elle. C'est peut-être la jalousie qui parle, c'est même sûr. Enfin voilà. Je t'ai écris parce que c'est mon jour de repos aujoud'hui. Ah oui, je suis la chef des infirmières de l'hôpital de Marple Spring. Autant te dire que je gagne bien ma vie, et seule en plus, pas besoin de papa et maman – ils me manquent tellement... - et j'ai même laissé mon appartement pour m'acheter une belle maison. C'est l'heure de te laisser. Je vais aller au cimetière, parler avec l'homme de ma vie. Et au fait, je ne t'ai jamais remercié d'avoir toujours été fidèle, de ne jamais m'avoir trahi. Tu es le meilleur, après Calvin évidemment. J'ai relu mes premières pages l'autre jour. Je t'avoue que j'ai pas mal ri. Ce que je pouvais être naïve. Et toi au moins, tu ne m'as jamais trahi, l'intérêt d'un journal intime quoi. Allez, à bientôt. »