Got The Life.

On ne peut pas dire qu'il ait bien débuté dans la vie. Enfin ... On va dire que ça varie, selon les points de vue.
C'est donc un soir, un vendredi 13 janvier 1978, dans les quartiers pauvres et peu fréquentables d'une grande métropole américaine, que les contractions annonçant l'arrivée de l'enfant pas trop attendu ou désiré chez le couple Smith se firent ressentir chez la génitrice. Pas de chance pour elle, plus de place pour la recevoir dans les hôpitaux les plus proches. Alors contrainte de faire avec les moyens du bord, un vétérinaire accepte de la prendre en charge. Le cabinet de l'individu semblait des plus réglementaires. Pas de problèmes là-dessus. En revanche, l'homme déjà âgé de plus de quarante ans semblait bien imbibé d'alcool, à en croire l'odeur qui émanait de lui, sans pour autant qu'elle soit intense. Quelque chose de banal, sans doute. Sauf pour ce soir là.
Effectivement, et malheureusement pour la mère, elle avait eu le chic de tomber sur un vétérinaire superstitieux. Et qui ne pensait manifestement pas des choses très positives, vis-à-vis de ce vendredi 13, puisqu'il pria donc la matriarche de prendre son mal en patience, décrétant qu'il ne ferait rien pour l'aider à accoucher, étant donné que ce jour était comme un porte-malheur. C'est donc seulement après minuit passé que l'enfant pu enfin voir le jour. Enfin la nuit. L'aube d'un nouveau jour. Le samedi 14 janvier. Et pourtant, la date n'a rien changé à son avenir.
Il fut affublé d'un prénom commun, collant à son nom de famille à merveille, comme tous deux étaient aussi mortellement ennuyeux l'un que l'autre : Jack.[...]


Daddy.

Jack est donc issu d'une famille mal famée américaine. On ne choisit pas ses parents après tout. Néanmoins, ses géniteurs se démenaient pour mener une vie à peu près correcte, même si, aucun des deux ne manifestait le moindre amour à l'égard de leur fils. Impossible de dire si ils le détestaient ou si ils l'aimaient. Jack lui-même n'en avait strictement aucune idée. [...]
La vie continuait ainsi. Toujours aussi morne, pour ne pas changer de l'ennuyeuse routine des jours qui se répétaient les uns après les autres.

Enfin, Jack avait sept années. Oh, ce n'est pas grand chose, c'est sûr. Mais c'est à cet âge là que l'une de ses soeurs est née. Johanna. Si il avait pleuré à la naissance de celle-ci ? Ah certainement. Et c'était pas de joie. Enfin, il était jeune, alors bon, il était peut-être pardonnable. Quoi qu'il en soit, son père se retrouva bien vite seul à travailler, étant donné que la mère de Jack était au foyer en train de s'occuper de lui et de sa soeur.
Plus le temps passait, et moins la famille ne pouvait se supporter. La père de Jack avait fini par perdre son emploi peu après la naissance de son second enfant. Alors il sombra progressivement dans l'alcool, se contentant d'abord de traîner le soir, et revenir à des heures tardives au domicile.

Mais avec le temps, tout cela ne fit qu'empirer. La mère de Jack entre temps, avait fini par devenir une prostituée, afin de générer un minimum de revenus, que son père dilapidait aussitôt dans la boisson. Maintenant, traîner à un comptoir ne suffisait plus. Lorsqu'il claquait la porte de la maison comme pour signaler son retour, il allait systématiquement commencer à lever la main sur sa femme. Principalement sur elle. Les gamins, c'était en option. Alors du haut de ses quatorze ans, petit gringalet qu'il était, Jack se chargeait de subir ces coups au quotidien, ne serait-ce que pour protéger sa soeur du monstre que leur père était devenu. Comment il faisait pour attirer son attention ? Il suffisait de le provoquer, jusqu'à ce qu'il finisse par s'emporter. Au moins, il n'avait plus à regarder le pénible spectacle de sa mère qui se faisait battre. Ca marchait. Tous les soirs la même rengaine violente, pendant des années. Cela dit, ça n'empêchait pas Jack d'aller voir ses amis, et de faire des conneries par-ci par là. Fumer le restant de mégots de clopes pas terminées par les passants qui les jetaient dans la rue. C'est un exemple, mais c'est pas la seule bêtise qu'il a son actif. [...]
Au fur et à mesure que le temps continuait de s'écouler, la relation familiale qui unissait les quatre individus pour former une seule et unique famille, un lien pourtant si fort, commença à se dégrader. S'abîmer. S'estomper peu à peu, comme si jamais il n'avait existé.

Vers ses seize ans, Jack ne pouvait plus simplement assurer la sécurité de sa soeur et sa mère, malgré cette même stratégie qui fonctionnait autrefois avec son père. Celui-ci avait tellement plongé dans l'alcoolisme, qu'il commençait de plus en plus fréquemment à être victime de delirium. Des visions horribles. Des choses qu'il était le seul à pouvoir voir. Comme une réalité alternative. Alors il pourchassait les propres membres de sa famille armé de ce qu'il trouvait, dans l'unique but de les éliminer, en pensant qu'il s'agissait de monstres qui lui voulaient du mal, et ce, tout en hurlant des injures à leur intention. Voilà pourquoi Jack ne pouvait plus assumer cela seul. Il pouvait distraire un instant, mais ... Il fallait que lui aussi se planque à un moment donné, pour éviter que ça finisse mal. Bien heureusement, jamais son père n'était parvenu à blesser qui que ce soit. Les crises ne duraient pas bien longtemps... Il suffisait juste d'attendre qu'il s'écroule au sol et cesse de hurler. Ensuite, c'était le boulot des urgentistes. Bien qu'à force, ils connaissaient eux-mêmes la procédure et avaient cessé d'appeler pour le cas de son paternel. [...]

Puis dans l'année des dix-huit ans de Jack, à force d'amendes, et de dettes, la situation se détériora à un point presque inimaginable. Son père développa un cancer du pancréas, tant il descendait de bouteilles régulièrement. Il devait de l'argent à un tas de types malhonnêtes, alors pour oublier, il buvait. Il buvait des masses, et sa famille trinquait, à cause de la chaîne infernale de délires qui se succédaient. Oh, pour une fois, cette galère dura moins de deux, ans, contrairement à ce qui s'était accumulé auparavant et qui ne faisait que croître de jour en jour pour Jack en tout cas.
Les maux qui rongeaient son père ... Cette maladie que rien ne pouvait plus guérir au stade où elle en était ... Il avait refusé de la soigner. Tant mieux, quelque part. Au moins, Jack ne subissait plus trop de coups. Il se contentait maintenant en plus de nettoyer les dégueulis ensanglantés et bien odorants de son père, après les crises.

C'est donc un soir, quelques mois après les dix-neuf ans de Jack, que son père fit une nouvelle crise, plus intense cette fois. Et eux seuls étaient présents au foyer. Dubitatif quant à ce qui se passait, Jack alla à la rencontre de son géniteur qui, aussi étonnant que cela puisse paraître, gisait déjà au sol. Il hurlait à l'aide. Pas d'arme dans les mains. Juste un appel presque désespéré, pour que quelqu'un vienne. Ca s'entendait dans sa voix.
Alors avec ce même visage impassible, Jack s'approcha en silence, sans pour autant essayer de calmer le jeu en faisant savoir sa présence à son père. Père qui subissait des sortes de spasmes sans doute dû à la panique, puisqu'ils se calmèrent plus ou moins lorsque Jack, désormais assis sur les genoux à côté de lui, le redressa de façon à ce qu'il soit à peu près bien assis. Il ne décrocha pas un mot, se contentant de fixer son paternel avec un regard affreusement accusateur. Il lui reprochait tout ce qu'il avait fait subir à sa famille, sans même le dire. Alors son père agrippa l'un des bras de Jack, fixant sa progéniture dans les yeux, avant de décrocher quelques dernières paroles, bégayant légèrement, entre deux quintes de toux persistantes.

"... Tu verras plus tard ... T-tu ne vaudras pas mieux que moi, fils .. "

Puis un sourire presque béat se dessina sur son visage, tandis que la toux s'atténua jusqu'à cesser. Tout comme sa respiration. A cet instant précis, un frisson avait parcouru l'échine de Jack, qui s'était contenté de déglutir sur l'instant, avant de s'incliner légèrement en avant pour coller son oreille contre le poitrail de son père, se redressant après quelques secondes, fixant le corps inerte dans ses bras d'un regard vide, sans pour autant le serrer contre lui. Des larmes qu'il ne pouvait retenir ruisselaient le long de ses joues, alors que son regard exprimait une haine singulière qu'il avait pourtant si profondément enfouie, au plus profond de son âme, afin que jamais elle ne refasse surface. N'y a t-il pas de l'Amour dans la Haine, cependant ? Mais si il pleurait, c'était de rage. La colère aurait voulu parler, mais ... Pas de cette façon. Et pourtant il ne versait que quelques larmes.
Chaque mouvement lui était comme rendu impossible. Il était paralysé, à cause de ce qui venait de se passer. Même si son père avait été son cerbère pendant presque toute son existence. Balbutier lui était presque un exploit sur l'instant.  
Il avait dû passer plusieurs heures de la sorte, tenant le cadavre de son père, alors que peu à peu, la pseudo peine qui mouillait ses joues s'était bien vite asséchée. Rien n'était lisible sur le visage de Jack. Lui même ne savait plus quoi penser, ni même ce qu'il avait pu éprouver en cet instant. La seule chose qui l'avait fait revenir à lui alors qu'il était en pleine contemplation du visage de l'homme mort dans ses bras, ainsi que du filet de sang au coin des lèvres de celui-ci sur lesquelles résidait un sourire presque content, c'était sa mère. Jack avait eu la sensation qu'elle l'avait secoué du plus violemment qu'il soit possible pour une femme. Même des gifles lui avaient été administrées, à lui en faire rougir les joues et tourner la tête à chaque allé et retour. Non pas pour qu'il revienne à lui cette fois. Mais parce que sa mère le jugeait responsable de la mort du père Smith. Et cela ne suscitait aucune réaction en le jeune homme, qui était resté à genou par terre, presque comme anéanti, alors que ses prunelles vides d'émotions et de sensations étaient orientées vers ce brancard qui emmenait le corps de l'alcoolique qui lui avait si longtemps servi de père, hors du logement.
C'est justement ce jour funeste que sa seconde petite-soeur a vu le jour. Ce même soir que Jack lui adressa un regard mauvais, à elle et à l'autre, ainsi qu'à sa mère avant de quitter le domicile familial pour de bon, il l'espérait. Rompre les ponts restait la meilleure des solutions, pour ça.

Quant à ces quelques derniers mots, cette phrase que son père avait prononcé avant de s'éteindre, elle l'avait poignardé au plus profond de lui même. Et même à l'heure actuelle, elle le hante encore. Il ne supporte pas d'être comparé en quoi que ce soit à son père. Et pourtant, il boit presque autant que lui, si ce n'est plus. [...]

Am I Going Crazy ?

Ne disposant pas de fonds comme il l'aurait souhaité pour acquérir le strict minimum afin de bien démarrer dans sa vie, eh bien ... Jack a pendant un petit bout de temps vécu dans sa voiture cabossée, avant de parvenir à retrouver une situation plus ou moins stable. Comment, ça c'est une très bonne question ...
Après ces quelques années de galère, Jack poursuivit plus ou moins ses études, jusqu'à postuler dans les forces de l'ordre. Aucun soucis, étant donné que son casier judiciaire était vierge, de toute façon. Alors à un peu plus de vingt ans, il fut intégré à une brigade, en commençant du plus bas échelon. C'est à cette période que la dégringolade commença, en fait. Même si il avait un boulot, il ne cessait de se ressasser constamment les circonstances du décès de son père, rongé par un horrible sentiment de culpabilité contre lequel il ne pouvait rien faire. Alors le soir, il commençait à boire fréquemment, sans pour autant terminer rond comme une queue de perles. Juste bien entamé au pire. Dans les années qui suivirent, c'est sur la drogue, qu'il posa la main, tombant là aussi dans le cercle vicieux d'une addiction de plus à ajouter à l'alcoolisme et à la clope.

Et pourtant, même avec toutes ces petites saloperies qui se greffèrent, et vinrent presque se graver ou s'incruster de manière permanente dans la vie de Jack, il était parvenu à rencontrer une jeune femme américaine, un peu plus jeune que lui. Pour de vrai cette fois.. Pas une simple histoire d'un soir ou quoi que ce soit d'autre, comme ça lui était arrivé déjà plusieurs fois auparavant. Non, cette fois il était persuadé qu'elle était son âme-soeur, parce qu'elle avait su le rendre ivre d'un sentiment qu'il n'avait jamais réellement connu avant. L'Amour. Autant dire que cette femme prénommée Lyzzie, lui avait été d'un grand secours : Sa simple présence auprès de lui, durant le lustre suivant, freina considérablement la consommation de drogue de Jack, jusqu'à presque la rendre nulle. Il n'y avait bien que l'alcool et la clope, qui persistaient. Mais encore une fois, Jack ne buvait pas à finir complètement cuité.
Après avoir passé suffisamment de temps ensembles pour être sûrs que leur relation serait stable, tous deux se fiancèrent, pour se marier par la suite. Une vie avec un départ pourtant catastrophique, qui prenait une tournure idyllique. Etrange, pas vrai ?

Peu avant que Jack n'atteigne la trentaine, naquit Candice, sa fille qu'il chérissait tant, et qui était le fruit de l'amour que lui et Lyzzie se portaient mutuellement. Enfin c'est ce qu'il croyait. Complètement aveuglé et naïf, ce que pouvaient bien dire les autres en lui cassant du sucre sur le dos ne semblait pas l'affecter le moins du monde. Il était heureux et avec sa famille maintenant, c'est tout ce qui comptait. A l'abris de tous les coups bas possibles et imaginables.
Sauf de celui de la demande de divorce. Le prétexte ? Sa tendance à la boisson. C'est un soir que la dispute partie de rien, éclata entre les deux individus. Tous deux s'invectivaient, et plus les minutes défilaient, plus la situation ne faisait que s'envenimer. Ils se jetaient au visage les pires remarques que l'on puisse dire à la personne qu'on aime. Vraiment. Tout ce qui traversait leur esprit. La querelle avait presque failli déraper et virer sur quelque chose de bien plus violent, tant Lyzzie avait fait voir rouge à Jack, à force de gifles injustifiées, et de reproches éreintants. Si bien que même le lendemain, il en fut bouleversé, toujours dans un état de colère noire. Dans ces temps-ci, Jack faisait partie de ces gens placides, qui accumulent toutes les sales choses qui peuvent leur être faites durant leur existence, jusqu'à se transformer en une bombe à retardement. Et le jour de l'explosion, mieux vaut pas être là.
Dans les jours qui suivirent, hé bien ce qui dû arriver, arriva : Il a juste fallu qu'un dealer de pacotille nie tout ce qui lui était reproché, et tente même d'abattre l'un des individus de la brigade pour que l'irritabilité de Jack ne prenne le dessus. Les nerfs à fleur de peau, il tira aussitôt son revolver six coups de son holster planqué sous sa veste de costard beige, tirant d'abord une balle sur l'individu qui s'affaissa sur le macadam, dans la ruelle, tandis que Jack marchait derrière ou à côté de lui, alternant, tandis qu'il appuyait tantôt sur le chien, et tantôt sur la détente de son Revolver, vidant la totalité de son chargeur dans le dos du malheureux ayant rampé sur le sol pour prendre la fuite et laissé une belle traînée écarlate derrière lui. La justification de ses actes ? Un type de sa brigade s'est fait toucher par une des balles du dealer. Il n'a fait que l'abattre pour le bien de tous. Des mensonges. Il l'avait tué de sang-froid. Comme un flic véreux l'aurait fait. Ce qu'il était désormais maintenant. Un ripoux. Parce qu'il avait laissé parler un mauvais côté de lui-même. Ceci dit, cette mort sur sa conscience ne l'empêcha pas de dormir très bien le soir, même après l'acte qu'il avait commis. Ah ça, oui, il était en train de changer. Le gentil Jack devenait tout le contraire. [...]
Quelques semaines plus tard, la majeure partie de l'équipe de Jack a succombé à un règlement de compte, quant au jeune dealer qu'il avait abattu précédemment. Ce sont donc ses amis et collègues qui disparurent. [...]

Le divorce est prononcé alors que Candice vient d'avoir cinq ans. N'ayant pas son mot à dire, et Jack ayant toujours ces sales tendances alcooliques, il n'obtient pas la garde de sa fille, et son droit de visite est restreint, si ce n'est inexistant, à cause de ses soucis. Ses addictions, en outre.
Peu après cela, il perd son travail, à cause de l'affaire précédente, que ses supérieurs ont étouffé pour éviter qu'il n'ait plus de problèmes. [...]
Ah là ... Il s'était fait plumer. Et bien comme il faut en plus.
Alors il adopta le même mode de vie qu'il y a presque dix ans maintenant : Vivre dans sa voiture. Il n'aurait ainsi que l'essence à payer, et optionnellement la bouffe qu'il consommait. [...]

Don't Look Back Now. Don't Look Back For Me.

Quoi qu'il en soit, durant cette période, Jack abandonna son beau costard beige, pour revenir à des vêtements ... Représentatifs de l'allure de quelqu'un d'assez suspect. Presque exclusivement vêtu de noir, à l'exception de quelques t-shirt ou chemises blanches qu'il revêt parfois sous sa veste en cuir.
Pendant cette période pénible, Jack était obligé pour pouvoir gagner un minimum d'argent, de faire les basses besognes des gens. Une poignée de billets contre un service, aussi rabaissant soit-il, c'est une aubaine, notamment lorsqu'on est dans le besoin. Puis il faut bien quelqu'un pour faire le sale travail à la place des autres ... En allant de la délinquance à la chose la plus anodine du monde, évidemment ...
Il poursuit donc avec ce mode de vie exécrable mais qui sait manifestement le contenter malgré tout. Durant ce laps de temps, il décide aussi de reprendre contact avec la famille. Notamment avec sa cadette. Lucy, la petite à qui il avait jeté un regard qui ne signifiait rien de bon pour elle avant de quitter la maison de ses parents. Et c'est sans grand soucis qu'il renoua avec elle. Enfin qu'il fit connaissance avec elle plutôt. Parce que pour sa mère et son autre soeur, c'était une autre histoire. Et finalement, même si il la connaissait depuis moins longtemps que son autre soeur, il veillait sur elle, et souhaitait qu'elle réussisse mieux que lui n'avait commencé, lorsqu'il avait fait le choix de l'indépendance. Sa vie n'avait jamais été correctement foutue. Et ce n'était pas ce qu'il voulait pour Lucy. Alors dans le lot de ce qu'il gagnait de temps à autres, il en mettait une partie de côté pour elle. Elle lui évitait aussi de sombrer dans une dépression qui serait longue et atroce, comme il n'avait plus grand chose à perdre ou à gagner. Sans doute aussi ce besoin de déverser son affection sur quelqu'un de proche jouait aussi là dessus. Ce qui faisait presque que Jack, comme il avait une différence d'âge de dix-neuf ans avec sa soeur, la considérait presque comme sa fille. [...]

Deux années écoulées après son divorce, Jack rencontre une autre femme : Beth. Coup de foudre, encore une fois. Sans réfléchir, il se marie une seconde fois dans la foulée. A côté, il continue de mener une vie au quotidien assez étrange. Être tantôt présent pour sa femme, et tantôt pour sa soeur devient très compliqué pour lui. Sans compter le temps qu'il doit accorder à son "travail" qui n'en est pas un ni officiellement, ni même légalement. Cependant, Jack reprend pied malgré les magouilles dans lesquelles il s'est entraîné et parvient à se trouver un logement qui lui convient tout à fait, dans une ville que l'on nomme Marple Spring. Rester de là d'où il venait ? Sûrement pas. De toute façon, il n'y retournait plus que pour Beth, puisqu'il n'avait jusqu'à ce qu'il trouve sa maison, aucun domicile fixe, comme son seul toit était sa voiture. [...]

Peu de temps après, si ce n'est quelques semaines, Jack apprend la disparition soudaine de Lucy. La panique n'est pas la première réaction survenue en lui, dans cette situation. Il est resté très calme, en songeant avec qui elle pouvait être, pour ne plus donner de nouvelles. Le lien ne vint pas tout de suite, mais il songea enfin qu'elle s'était sûrement faite enlevée par sa faute. Récemment, il s'était enfoncé dans la spirale de la drogue. Et plus généralement, il aidait les dealers quant au convoi de la marchandise, contre un dédommagement, qu'il soit maigre ou plus important. Il est vrai que des menaces, il en avait reçu des tas. Alors ... Pour savoir si c'était par rapport à ça ou non, ça serait un petit peu plus pointu. [...]
La culpabilité déjà présente en Jack ne fit que s'accroître, un ou deux jours après qu'il ait mené l'enquête. Résultat ? Il ne trouva rien de mieux pour chercher solution à son problème que de se rendre au bar le plus proche et se saouler jusqu'à finir ivre mort le soir, puis traîner sa carcasse jusqu'à l'église la plus proche, de nuit, pour venir s'écrouler au pied de la statue du Christ, après une marche pénible en chancelant, et en heurtant plus d'une chose sur son chemin. Incliné à la façon d'un fanatique sur le sol, étant les genoux à terre, les avant-bras appuyés sur les dalles de pierre froide et le front contre ses poignets, l'alcoolique semblait bredouiller ou murmurer des prières entre les hoquets provoqués par les sanglots dont il était victime, pour le salut de sa propre âme après toutes les atrocités qu'il avait commise ou avait pu commettre selon lui, mais aussi pour sa sœur.  … La sanction était tombée. On lui avait pris la dernière chose qu’il avait. Lucy. Elle qui n'avait pourtant rien à voir là-dedans. Sans doute avait-il prié pour qu'aucun mal ne lui soit fait, le temps de sa captivité.

La prière purge l'âme, à ce qu'il paraît.

Ce même soir, alors qu'il était reparti aussi déphasé du bâtiment religieux, Jack récupéra un jeune Beauceron, encore un chiot, qu'il ramena avec lui pour le coup, n'ayant pas échappé à plusieurs morsures, jusqu'à ce que le jeune chien solitaire au pelage noir et feu comprenne enfin que l'individu ne lui voulait aucun mal. Bien au contraire. C'est dans ce même état, aussi déplorable soit-il, qu'il se rendit chez sa femme, qui pour le coup, ne chercha pas à comprendre ou déchiffrer ce qu'il pouvait bien tenter d'articuler, lui tapant un scandale, tout en le laissant dehors, refusant de le faire entrer dans cet état lamentable. Abandonnant la discussion, Jack en revint donc à son véhicule, toujours en compagnie du chiot qu'il garda finalement, même si c'était une forte-tête... Très attachant en tout cas. [...]

Après un an de vie commune avec Beth, un second divorce est prononcé pour Jack. L'un et l'autre n'étaient vraisemblablement pas fait pour poursuivre la même route. Soit.
Quant à Jack, toujours aucune nouvelle de sa soeur Lucy. Une fois de plus, il est tout seul. Enfin pas à proprement parler, puisqu'il est maintenant accompagné de deux chiens, ayant récupéré une jeune chienne aux allures de Berger Malinois près d'une vieille casse. [...]
La dépression guette Jack. Mais après tout, n'en était-il pas déjà atteint ? Certainement. Ou pas. Il n'y a que lui pour le savoir.
Ces dernières années en tout cas, n'ont fait que l'endurcir, et peut-être même, le rendre misanthrope, et bien plus dérangé qu'avant. Parce qu'il ne supportait simplement plus de présence humanoïde quelle qu'elle soit, ou simplement parce qu'il avait peur de mettre en danger d'une quelconque manière la personne avec qui il avait des contacts. Ca relevait presque de la psychose, et ce ne sont pourtant là que peu d'exemples simples de ce qui aurait pu passer par la tête de Jack, par rapport à cela. [...]

A Little Piece Of Heaven ...

Bien que sa vie ait pris un sale tournant, l'endroit mentionné précédemment où il s'était donc installé, est un petit coin de paradis accueillant et très joli dans la campagne, loin de tout et perdu au milieu de nulle part, Personne pour venir l'embêter. c'était une maison assez grande mais délabrée par endroit, à cause de l'usure dû au temps. D'où le fait qu'il ait pu négocier le prix et l'obtenir pour bien peu. Ce qui lui serait coûteux, serait les travaux à effectuer de part et d'autres. Mais au moins, il aurait quelque chose à faire pour s'occuper, plutôt que de faire les cent pas, boire, ou même encore se droguer.

Le voilà donc maintenant installé depuis deux ans à Marple Spring, en compagnie de ses deux boules de poils bien espiègles, qui courent en liberté dans la propriété tout en la gardant des gens un peu trop imprudents pour y mettre les pieds.
En espérant que cet endroit parvienne à lui faire recouvrir sa "précédente" personnalité. Ce côté sympathique et gentil qui s'est éteint pour ne plus laisser à la place, qu'un homme désagréable avec la majeure partie des gens qu'il rencontre.

(Bon, j'espère que ça conviendra à peu près bien.
J'ai pour projet d'éditer à l'avenir l'Histoire, parce que je sais qu'il manque des trucs, mais sur l'instant, rien ne me vient à l'esprit ! Donc .. Même après validation, je chercherai les quelques détails à peaufiner et développer correctement. Rien de bien important en tout cas, mais bon.
Bref, j'espère que ça convient quant à la validation. Et que ce sera à peu près compréhensible, et sans trop de fautes d'orthographe. :)
Si quelque chose ne va pas, je le corrigerai ! Suffit juste de me le dire. )