Encore un jour se lève comme tous les jours, je suis debout de bonne heure comme je dois aller faire mon footing. En temps normal, je vais faire mon footing Marple Square Garden, mais aujourd’hui je dois déposer un dossier important à papa dans l’ouest de de Marple Spring, j’ai dans un premier temps refusé. Je sais qu’il peut faire des choses, mais il a toujours besoin de quelqu’un pour faire ses courses. J’ai accepté parce que c’est ma mère qui m’a décidé de l’aider. Je passe une main dans mes cheveux, le réveil est rude. Je vais directement dans la salle de bain et je reste un long moment avant d’être réveillée.  Je sors de la chambre après m’avoir séché, j’enfile mon legging de sport et une brassière et j’enfile une veste. Je prends ma besace et je mets le dossier de mon père, il m’a demandé de remettre le dossier à un certain Monsieur Avery. Je ne connais pas ce monsieur, pourtant je connais la majorité des clients de mon père.

Je vais vers le quartier ouest, il est six heures trente, le temps que je cours il est sept heures quand je regarde ma montre. Mon rythme cardiaque est régulier, comme j’ai pris l’habitude de courir depuis deux ans. J’ai trouvé ce moyen pour me vider la tête, je regarde autour de moi il y a beaucoup d’usines. Elles sont presque toutes ouvertes, je passe une main dans mes cheveux en continuant de courir sur place. Je ne sais pas où aller, il ne m’a même pas donné l’adresse. Je cherche un banc et je commence à faire des étirements. Je me demande où se trouve cet homme, mon père m’a dit qu’il est toujours sur place. Mais je ne le vois pas pour le moment, je me demande si ce n’est pas pour se venger de ce que je sais sur lui.

La vie m’est devenu si compliqué, si détestable. J’ai perdu tous mes rêves, ma famille, mes jambes et mon estime de moi. Je n’ai personne dans la vie. Ma vie est tout simplement morne et monotone. Je mourrai ainsi. Je déteste mon boulot. Je déteste donner des ordres. Je déteste mon avocat. Il n’est même pas capable de faire ses courses lui-même et de venir me porter ses paquets lui-même. Aujourd’hui, sa fille doit venir me porter une enveloppe. J’espère que cette fois-ci, il n’a pas oublié de donner l’adresse. Les autres ont été futés et ont facilement trouvé l’usine et ma personne ensuite, dans l’usine. Je n’ai pas quitté l’usine depuis mes 19 ans, un an après l’accident où j’ai été le seul survivant. Mon jour d’anniversaire, restera un cauchemar pour moi. La veille de mes 19 ans, j’ai quitté le chalet familial pour l’usine et j’en suis jamais ressortis. Je me fais livrer à l’usine, ma nourriture, mes médicaments. Les médecins viennent à moi. Tout vient à moi. Et aujourd’hui, je peux tout faire par internet. Je n’ai pas respiré l’air extérieur depuis mes 18 ans. Il me faudrait une bonne raison ou un tournant dans ma vie pour que je sorte d’ici. Je roule ma chaise jusqu’à ma fenêtre, et j’y vois une jeune femme assise à un banc, tenant une enveloppe. Ça doit être elle. Je le savais que l’avocat ne lui aurait pas donner l’adresse. Et je ne peux pas aller à elle, je ne sors pas, même si je peux me déplacer, je n’irai pas. Pas question que je sorte dehors. Je retourne à mon bureau et je poursuis mon boulot du matin, tant pis pour elle, elle avait qu’à être plus intelligente et demander à son père l’adresse avant de partir. Moi qui n'aime pas trop la compagnie.

Je suis toujours sur ce banc en train d’attendre Monsieur Avery. Mon père ne m’a rien dit sur l’adresse et encore moins sur la description de l’homme en question. Je regarde les gens qui rentrent dans une entreprise. Je me dis que ces gens travaillent peut-être pour lui, je regarde autour de moi quand je vois une personne qui parle au loin d’un certain Avery. Je passe une main dans mes cheveux et je me dis qu’il est à l’intérieur, je suis les gens. Je cherche autour de moi les bureaux. Je regarde à l’intérieur. Les gens sont au travail et je vois un homme à un bureau c’est sûrement lui. Je soupire, j’ai envie d’aller le voir. Mais il doit plus connaître mon paternel que moi, la seule chose que je tiens de lui c’est sa grandeur. Pour le reste, je suis portrait craché de ma mère blonde les yeux d’un bleu intense et un physique parfait en apparence. J’ose enfin toquer à la porte, je prends une longue inspiration et j’attends qu’il vienne m’ouvrir.

Je portais toujours ce visage digne d’un zombie. Je ne souriais jamais, j’étais toujours neutre dans ma façon de parler. On toqua à ma porte, ça devait être l’enveloppe que j’attendais de mon avocat, apporter par son messager. Je roule ma chaise d’handicapé jusqu’à la porte et j’ouvre celle-ci. Mon arrogance était toujours de mise, aucune politesse dans mes paroles. Vous en avez mis du temps. Déjà que cet avocat à la con ne fait pas ses propres commissions, il faut qu’il m’envoie un messager qui prend son temps. J’attends cette enveloppe depuis 7 :30 ce matin. Il était déjà 9 :00. Je lui prends l’enveloppe des mains et je roule jusqu’à mon bureau, tout en lui disant. Je vous dis pas merci, franchement. Je pose l’enveloppe sur mon pupitre et je l’ouvre. Je sentais toujours sa présence. Je lève mon regard vers la jeune femme. Elle était encore là ? Vous attendez quoi maintenant? Que je vous donne un pourboire? Je la fixe, attendant qu’elle reparte en fermant la porte.