Talya & Kate
After work

Talya posa méticuleusement le mocaccino et le thé au jasmin qu’on lui avait commandés sur la table de ses deux clients, et déposa également une part de gâteau au chocolat et un cookie noisettes-pécan, qui eurent le mérite de faire briller les yeux des deux jeunes gens. La journée n’allait pas tarder à tirer à sa fin, mais certaines personnes appréciaient passer par ici en sortant du travail. Talya ne pouvait pas leur résister, alors elle acceptait de fermer jusqu’à une demi-heure plus tard parfois, pour les clients tardifs. Les rayons du soleil qui commençait à décliner baignaient le salon de thé d’une agréable lumière. La jeune femme attendit tranquillement que les quelques personnes qui restaient terminent, même si aujourd’hui elle avait bien envie de fermer au plus tôt pour pouvoir papoter avec Kate. La jolie libraire d’en face lui avait proposé de se voir le soir-même, et elle avait visiblement quelque chose de croustillant à annoncer à l’écossaise. Elles échangeaient souvent des potins sur leurs clients et passaient aussi beaucoup de temps à discuter de leurs vies à elles, et ça faisait du bien à Talya. Elle pouvait parler de son fils, de ses petites bêtises, et aussi d’Oskar, qu’elle avait aussi tendance à surnommer son second gosse, surtout depuis qu’elle avait été appelée pour venir le chercher dans un bar après une bagarre. Bref, l’écossaise attendait le moment de la fermeture avec impatience. Il restait pas mal de pâtisseries à dévorer si l’envie leur prenait, et comme d’habitude elle irait les donner à la soupe populaire à la fin de la journée. Elle eut encore deux commandes à emporter, puis se décida à pousser tout ce petit monde vers la sortie, avec tout de même un sourire chaleureux. Lorsque le salon de thé fut vide de toute clientèle, la brune alla chercher le balai dans le placard au fond de la grande pièce, à côté de la porte de la cuisine, et entreprit de balayer le sol, histoire que tout soit propre pour le lendemain matin – même si son côté maniaque lui ferait passer le balai une nouvelle fois avant qu’elle n’ouvre la boutique, juste avant la serpillère. Après avoir retiré la moindre poussière visible, elle rangea son ustensile de ménage, se lava les mains frénétiquement et mit la bouilloire à chauffer. Elle prenait rarement autre chose que du thé, en bonne immigrée de Grande Bretagne, elle respectait le cliché qui représentait les siens à la lettre. Lorsque Talya se retourna, Kate s’apprêtait à ouvrir la porte pour entrer. La brune fit le tour du comptoir pour se diriger vers son amie, la prenant dans ses bras chaleureusement. « Salut, beauté ! » lança-t-elle en riant légèrement en se reculant. Elle indiqua les fauteuils confortables au fond du salon de thé. « Je t’en prie, installe-toi ! » Puis Talya donna un tour de clé dans la porte, pour éviter que des gens n’entrent par mégarde, pensant qu’elle était encore ouverte. « Qu’est-ce que je te sers ? » demanda-t-elle finalement en repassant derrière le comptoir, versant l’eau chaude dans une tasse pour elle, attendant la réponse de la blonde.

BY .SOULMATES

Talya & Kate
After work
Talya laissa son amie s’installer dans un fauteuil, lançant un « Tout de suite ! » lorsque Katelyn demanda un thé et quelque chose à grignoter. « Permets-moi de te faire goûter cette petite merveille qui vient d’arriver. Les gens en sont fous. » dit-elle en prenant dans ses mains une boîte de thé métallique qui contenait un rooibos légèrement parfumé à la cerise sauvage. Elle la montra de loin à Kate en tapotant joyeusement de ses ongles dessus. L’écossaise mit la bouilloire en marche, et en attendant que l’eau chauffe, elle prit quelques douceurs qui restaient dans la vitrine pour les déposer sur un petit plateau qu’elle apporta sur la table face à son amie. La bouilloire émit un bip signifiant que l’eau était chaude, à la parfaite température de 95°c. Talya préleva ensuite quelques grammes de thé pour les plonger dans une tasse dans laquelle elle ajouta l’eau, qui se teinta immédiatement d’un rouge foncé qui donnait déjà envie. La brune réitéra l’opération une nouvelle fois pour elle, et revint avec les deux tasses vers la libraire, qui la remercia en prenant la sienne dans ses mains. « Bon alors, quoi de neuf pour toi ? Toujours autant de monde à ce que je peux voir de ma petite boutique ! » Talya sourit à cette remarque, il était vrai qu’elle ne se serait jamais imaginée avoir autant de succès en ouvrant ce salon de thé. Elle devait une fière chandelle à Oskar, qui l’avait convaincue de se lancer. Grâce à lui elle avait une certaine sécurité financière qu’elle n’avait jamais pu avoir auparavant. « Ne m’en parle pas, j’ai même des gens qui veulent privatiser le salon le temps d’une après-midi pour l’anniversaire de leur enfant ! » répondit-elle en riant. « Mon petit papy continue de venir tous les jours prendre le thé avec son journal, je crois qu’il va tous nous enterrer celui-là. » Bernie avait 95 ans. C’était un vieil homme encore très en forme, qui montait et descendait chaque jour les cinq étages de son immeuble sans ascenseur pour acheter son journal et faire le tour du quartier. Il s’arrêtait tous les jours aux alentours de seize heures pour prendre son thé et ses petits gâteaux. Il avait sa façon bien à lui de saluer Talya, en soulevant son chapeau avec galanterie et en lui rappelant toujours combien elle était adorable. Il faisait tellement fondre le cœur de Talya qu’elle en parlait souvent à Kate. « Enfin bon, ça me fait du bien tout ça, je peux au moins penser à autre chose… Je m’inquiète encore beaucoup pour Oskar. J’ai dû aller le chercher dans un bar où il avait recommencé à se battre l’autre soir. Il a enfin parlé pour se libérer un peu, mais est-ce que ça va suffire… ? » On ne pouvait pas faire la connaissance de Talya sans entendre parler de ce fameux Oskar. Il était comme sa moitié et Kate savait plus ou moins tout de lui, sans certains détails que Talya avait délibérément omis. Sans l’avoir rencontré elle connaissait quasiment tout de sa vie, non pas pour les potins, mais parce que parfois Talya se sentait un peu dépassée et qu’elle ne savait trop quoi faire. La jeune femme, qui s’était légèrement fermée à la mention de son meilleur ami, secoua la tête, son sourire venant ranimer son visage. « Mais trêve de complaintes ! Toi, quoi de neuf ? J’ai cru comprendre que tes grands-parents ont du mal à décrocher de la libraire ! » reprit-elle avec un sourire malicieux.

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