Chapter one ⊹ Le bruit d’un brusque freinage. Des pneus qui crient sur l’asphalte humide. Un tonneau, puis s’en suit 10 autres. La voiture termine sur le toit. La noirceur n’aide pas. La pluie tombe à torrent. J’ouvre les yeux. Maman? Papa? Rien, pas un son ne sort de mes lèvres. Je tremble, je suis mou. J’essaie d’étendre le bras vers eux, mais je n’arrive pas à les atteindre. Des voix… 2-3 personnes, j’imagine. La fenêtre éclate en morceau, l’un d’eux entre dans la voiture, criant des ordres aux autres. Ils sont morts… Moi, je suis le seul vivant… Y’a maman aussi qui respire. Peut-être que papa aussi… J’en sais rien. Je sais qu’il a bu… Il se disputait encore avec maman. Je le déteste. L’homme qui a brisé la fenêtre me regard. Il ne fait que me tirer, rapidement, sauvagement, hors de cette voiture. Il sent le chien mouillé sous cette pluie. Il me pose sur mes deux jambes, me forçant à me tenir debout. Il me demande mon nom. Je murmure à peine. Emeryck. Il sourit, replace une mèche de cheveux derrière mon oreille. Des lumières bleues et rouges apparaissent. Il me sourit une dernière fois avant de partir, s’engouffrant dans les bois. Un policier me pose une serviette sur les épaules, il me serre contre lui, essayant de me rassurer. Je suis figé, telle une statue. Je ne parle pas, je ne dis rien. Je n’ai plus rien… Les ambulanciers sortent les corps inertes de mes parents, du véhicule. L’un des officiers revient vers son chef, lui disant que c’était sûrement un bête accident… Pourtant, l’un d’eux examine la voiture. Je tourne la tête, cherchant l’homme qui m’a sorti de la voiture. C’est le néant, le noir. Je tombe de fatigue. Les jours passent. Maman est hospitalisée, comateuse. Papa, ce connard avait trop bu. La voiture est une perte totale. On ignore si maman va se réveiller… Lui, il s’en sort avec une suspension de permis… La main bienveillante de ma grand-mère sur l’épaule, je comprends que plus rien ne sera pareil.

Chapter two ⊹ « Et tu comptes en rajout beaucoup de tatouages? Je veux dire, ce n’est pas parce que tu bosses à la taverne avec ton grand-père que tu dois avoir l’air d’un tableau Emeryck » Je tire sur ma cigarette et je souris. Ah grand-mère. Je dois avoir 17 ans lorsqu’elle ne dit ça pour la première fois. J’hausse les épaules et me redresse, venant l’embrasser sur la tête. Elle prend soin de moi depuis que nous avons déménagé à Paris. Ma grand-mère disait que la vie en campagne rendait mon père complètement fou. Elle n’avait pas tort. Je passe une main dans mes cheveux, ne répondant pas à sa question, puis je fronce les sourcils. C’est calme, trop calme. J’aime pas le calme. J’aime les cris, le tapage… Mon tapage. « Au faites, tu sais où est ma mère? Elle ne m’a pas répondu ce matin quand j’ai cogné à sa porte. J’suis rentré tard. » Elle réponds pas, baissant la tête sur sa tasse de thé. Merde. Je serre le poing et tire vivement sa chaise pour qu’elle soit face à moi. « Il lui a fait quoi cette fois?! RÉPONDS! » Elle tremble, posant son regard d’émeraude sur moi. Elle cache son visage dans ses mains. Ni de une, ni de deux, je quitte la cuisine pour me rendre à l’étage. Je frappe à la porte de ma mère. Aucune réponse. Je frappe encore plus fort. Toujours aucune réponse. Ma foutue patience à des limites. Je donne un bon coup de pied, faisant sauter la serrure. Elle est assise dans son lit. Son corps meurtrit par les ecchymoses. Je serre le poing. «J’vais le tuer cet enculé! » Je m’approche d’elle pour mieux la voir. Elle est tellement tuméfiée qu’elle a du mal à me regarder. Je mords ma joue tellement fort que je sens le goût du fer envahir ma bouche. Silencieux, je la soulève, pour l’amener vers la salle de bain, afin de la glisser dans la baignoire pour qu’elle puisse se reposer un peu. L’eau qui coule, je la regarde à peine, lui retirant ses vêtements. Je sors, alors que ma grand-mère entre dans la chambre. « Ne fait rien de grave Em’… » Je ne l’écoute, pas, lui demandant de prendre soin d’elle et je quitte, au volant de ma voiture, direction le travail de celui qui me sert de père. Je dois avoir 20 ans, je m’en fiche, je vais le buter. Je vois noir. Il est mieux de ne pas croiser ma route. Je le vois, je sors de la voiture doucement. « Hey fiston! » Aucune accolade, mon poing contre sa mâchoire. Je frappe, je l’entends hurler de douleur, essayer de ce débattre, puis plus un son. Je recule, mes mains sont tâchées de sang, rien à foutre. La police, les menottes. 5 ans de pénitencier. Heureusement pour moi, mon père a fini derrière les barreaux aussi. Au moins ma mère est saine et ce connard est au trou.

Chapter three ⊹ « Retire tes sales pattes de cette nana, espèce de con! T’es trop soul, retourne chez toi! » Un doigt d’honneur. Je fixe l’homme. Cigarette au bec, je pose mon buck de bière sur le bar, durement et je passe de l’autre côté, attrapant l’homme par le collet de son manteau, l’entrainant vers la sortie. Il se débat un peu. Énervé, je balance rapidement mon poing dans ces côtes, le faisant plier. « Tu te calmes oui? J’ai pas envie de voir du sang sur le plancher de mon bar. » Il me crache au visage. Je prends une profonde inspiration puis je le sors dehors, sortant avec lui, alors que la pluie s’abat sur nous. Il se relève en titubant, me traitant de tôlard. Je souris en coin. Prêt à lui en coller une, je sens l’odeur d’une cigarette me chatouiller les narines. «B’soin d’aide Em? » Je regarde à peine derrière mon épaule, puis je croise les bras. « Y’en vaut pas la peine, han? » Lio descends les deux petites marches puis jete sa clope plus loin, fixant l’homme. « Ouais… Que deux petits coups? Après on le balance dans un taxi et basta. » Je souris en secouant la tête. Ah Lio. Frère d’une autre mère, on se comprend dans le temps de le dire. C’est un pote, un vrai. Il sait te sortir d’la merde, comme il va s’enfoncer bien loin avec toi dedans. Je sors un paquet de clope de la poche de mon jeans puis en allume une. « Ok, mais pas devant le bar. La ruelle. » Je m’approche vers l’homme, mais il sait ce qu’il l’attends. Il se met à courir. J’avance plus. Je tire son ma cigarette et regarde Lio. «Merde… J’avais envie de taper des gueules. » J’éclate de rire et tape sur l’épaule du brun. « Aller, je t’offre un verre. » Je balançais ma clope au loin de sifla la barmaid. « Séfia, offre un verre à Lio. » Je retournais derrière le bar, m’assurant que la cliente qui se faisait embêter allait bien. Je savais que de toute façon, elle finirait dans mon pieux se soir… Bah quoi? J’aime pas quand on joue dans mes plates-bandes. Ah Paris, je t’aime, comme je te déteste. T’es une connasse, avec des beaux yeux.