Il n’aurait peut-être pas dû mentionner son penchant pour la boisson. C’était sûrement une erreur, et il allait probablement le regretter, et ce serait de sa faute. Il se serait jeter dans la gueule du loup la tête la première. On pourrait même dire qu’il avait plongé. Isaac finit par lui sortir que Keith pouvait changer les choses, les améliorer. Peut-être, mais c’est plus facile à dire qu’à faire. “juste arrêter de boire” oui parce que c’est aussi simple que ça! bien sûr! Il est accroc au clope, certes, mais c’est comme si Keith lui disait “Ben t’as qu’à arrêter de fumer”. C’est pas claquer des doigts, ça demande plus de temps. Ensuite il attaqua sur sa santé. Oui, il sait bien que ça lui détruit le foie et les reins. C’est pas nouveau. Il ne lui apprend absolument rien. Il n’est pas naît de la dernière pluie. Du haut de ses trente-sept ans, il a eu le temps d’apprendre tout ça. Et comme il le disait, oui Keith est assez grand pour faire ses propres choix, mais des fois ça ne fait pas tout. Il a besoin de boire, rien que là, ses mains tremblent juste parce qu’il n’a pas bu depuis un moment, et un petit verre ne fait pas grand chose pour soulager son manque.

“Tu sais… j’essaie. J’essaie vraiment. Ne crois pas le contraire. Je sais c’est difficile à croire… Mais j’essaie d’arrêter. Et c’est pas quelque chose que je peux faire du jour au lendemain, c’est pas facile.”

Il baissa la tête. Pas facile, c’est un euphémisme, il y’a des moment où quand il est sobre trop longtemps, il a l’impression de marcher à travers l’enfer. Donc oui, l’alcool est bien difficile à lâcher, lui qui l’aide tellement à supporter la perte de sa femme et de son fils, chose qu’il n’a jamais réussi à accepter. Elle lui manque beaucoup trop, chaque jour qui passe sans Susan est une véritable torture.

“C’est comme si là maintenant je te disais d’arrêter la clope d’un coup, tu ne pourrais pas.”

Et encore, il serait probablement moins malade que si Keith arrêtait complètement l’alcool. Si demain l’Ecossais se retrouvait sans une goutte d’alcool à boire, il le vivrait mal, très mal même. Il est beaucoup trop addict, et il ne veut pas d’une cure de désintox, ça coûte cher, et ça lui ferait perdre son boulot pour sûr, et il ne veut pas plus d’aide qu’il n’en a déjà. Il y’en a d’autre qui en ont plus besoin que lui qui plus est.

“Crois moi, j’aimerais pouvoir juste arrêter, et m’en sortir comme un charme. Malheureusement, ça ne marche pas comme ça. Mais je te jure que j’essaie.”

Un jour il espère bien qu’il pourra dire à son fils qu’il est enfin sobre, et qu’il compte bien le rester. Il veut vraiment voir ce jour arriver, le jour où il arrivera  supporter de vivre sans l’aide de l’alcool. Si Isaac pouvait aussi arrêter la clope, ça ferait du bien à ses poumons, lui aussi est un addict. C’est juste que les effets ne sont pas les même, la clope détend, mais elle détruit quand même la gorge et les poumons.

C'est clair que je suis très mal placé pour lui dire ce qu'il doit faire de sa vie, mon père a plus de trente ans, c'est un grand garçon je pense qu'il est parfaitement conscient de la merde dans laquelle il s'est foutu tout seul... Donc que moi j'ose lui dire d'arrêter de picoler c'est pas l'idée du siècle moi-même je me suis mis dans une merde impossible et inimaginable en me mettant à fumer alors lui dire ce qu'il doit faire, non, je ne le ferais pas. Je lui recommande néanmoins de faire attention voir même de songer à arrêter, je ne lui mets pas le couteau sous la gorge, je lui fais comprendre que le choix il l'a d'arrêter ou de continuer mais il me fait comprendre à son tour qu'il essaie, qu'il fait des efforts mais que ça ne se fait pas en un claquement de doigts et ça j'en suis bien conscient j'acquiesce alors. « Oui je sais qu'on arrête pas comme ça. Je le sais très bien, je suis fumeur moi aussi et je fume sans doute beaucoup trop. Mais bon. Je considère que c'est déjà une bonne chose que tu sois conscient que tu te fais plus de mal que de bien en picolant. » Répondis-je simplement tout en haussant des épaules en prononçant ces quelques mots à l'attention de mon paternel. Oui je pense que c'est déjà un bon début qu'il se rende compte du mal qu'il se fait, c'est pas tout le monde qui y arrive à s'en rendre compte... Il me fait alors un commentaire sur ma clope me disant que s'il m'ordonnait d'arrêter je le ferais pas et j'acquiesce bien d'accord pour le coup. « Et tu te ferais envoyer chier en prime. J'aime pas qu'on me dise ce que je dois faire. » Dis-je tout en haussant des épaules une nouvelle fois alors qu'un petit sourire se jonche sur mes lèvres. Quand il me dit une nouvelle fois qu'il tente d'arrêter j'acquiesce ayant bien compris déjà la première fois qu'il me l'a dit tout à l'heure. « Non mais j'ai bien compris tout ça. Je sais que c'est difficile d'arrêter comme ça d'une seconde à l'autre, je te reproche rien à ce sujet. Je peux comprendre que ce soit périlleux pour toi d'arrêter de picoler comme ça donc t'en fais pas vas j'ai bien compris que tu essayais d'arrêter et pour moi c'est tout ce qui compte. » Assurais-je d'une voix douce tandis que j'attrape mon paquet de Winston mentholé, je sors une clope et me l'allume tout en tendant mon paquet à mon père juste au cas où il veut s'en griller une à son tour...

Il était conscient qu’on arrêtait pas comme ça, c’était tant mieux, Keith espérait juste qu’il ne lui en veuille pas trop s’il met trop de temps. Ca allait être dur, mais aujourd’hui, là maintenant, il avait envie de réussir, il avait envie de le faire. Pour Isaac, pour son fils, parce qu’il veut pouvoir lui parler sans gueuler, essayer de retrouver un semblant de la relation qu’ils avaient autrefois. Ca lui manque d’être aussi proche de son fils qu’il l’était avant. Et oui, c’est lui qui a tout foutu en l’air. Il plaide coupable là dessus! En même temps, les preuves sont accablantes. Keith lui avait sortit que c’était comme s’il lui demandait d’arrêter de fumer sur le champ. Il rencontrerait vite le manque, et y pallier ne serait pas simple.

«Et tu te ferais envoyer chier en prime. J'aime pas qu'on me dise ce que je dois faire. »

Ça ne l’étonnait même pas qu’il lui sorte ça. Et il comprenait. En même temps, lui et susan avait essayé de l'interdire de fumer. On ne peut pas dire que ce fut un grand succès, soyons franc. A la limite, tant que ça ne reste que des clope et pas quelque chose de plus fort, comme ce que Keith pouvait prendre il y a à peine deux mois. Non seulement c’était illégal, mais ça lui coûtait cher. Bon, ce qu’il ne dépense plus dans ses drogues douces il le dépense dans l’alcool, en gros, juste une autre drogue.

"Bizarrement, ça ne me surprend pas venant de toi!"

Il sourit faiblement à la suite des paroles d’Isaac. Si pour lui essayait d’arrêter était tout ce qui comptait, c’est vraiment que ce gamin était trop bon pour ce monde. Les autres gosses feraient la gueule, ils seraient partis chez leurs grand parents et refuseraient de parler à leur père jusqu’à ce qu’il arrête complètement la bouteille, et même là, pas sûr qu’ils accepteraient. Isaac est quelqu’un de très compréhensif, au grand bonheur de Keith. Enfin, bonheur, c’est très fort comme mot. Isaac était en train de s’allumer une clope et en proposa une à son père qu’il refusa.

“J’ai suffisamment de vice comme ça! pas besoin d’en commencer un autre. Ou plutôt d’en reprendre un.”

Il a enfin arrêter de fumer, pas besoin de recommencer, même si là, c’est juste une clope. Il préfère ne pas tenter le diable.

“T’as jamais essayé d’arrêter de fumer? La clope, au niveau de la santé, c’est pas beaucoup mieux que l’alcool.”

Ses poumons et sa gorge prenaient cher. Et malheureusement, cette merde augmente les chance de cancer. Étant plus jeune il s’était juré de ne jamais commencer, mais à la mort de sa femme et de leur bébé, il y’a beaucoup de choses qu’il a commençait qu’il regrettait aujourd’hui, quand bien même ça l’aidait à surmonter la douleur.

En règle générale je tente d'être le plus compréhensif qui soit et de ne pas reprocher à telle ou telle personne de faire certaines choses que je fais moi-même juste parce que ça ne me plaît pas ou que ça me pourrit la vie d'une façon ou d'une autre. Donc c'est sûr que reprocher à mon père de boire ça ne me ressemble pas du tout mais ça m'a tellement détruit qu'il se laisse mourir de la sorte que du coup je ne peux pas concevoir ni même accepter qu'il puisse continuer de se détruire ainsi. Bon, après la discussion que nous avons eu aujourd'hui je vois plus clair la situation et j'ai pu comprendre qu'il essaie d'arrêter même si ce n'est pas facile pour lui. J'ai également pu comprendre qu'il a bien pris en compte que ça allait le tuer ou le faire tomber malade plutôt que le rendre heureux. Tout ceci ce ne sont que des bonnes choses et je suis ravi d'avoir appris toutes ces choses aujourd'hui mais il n'en reste pas moins que je continue quand même à m'inquiéter. Parce que dire qu'on va s'arrêter tout ça, tout ça c'est bien facile à dire mais le faire c'est une autre chose et tant qu'il ne se sera pas arrêté je ne serais jamais tranquille dans cette maison ni même dans ma vie. Quand il m'eut fait un commentaire sur ma clope sur le fait est que je fume et qu'il me disait d'arrêter de fumer je lui ai répondu que s'il le faisait il se ferait envoyer chier quand j'entends sa réponse je souris mais je ne réponds rien. Après quoi je m'allume une clope et lui en propose une par politesse il refuse ma clope bien rapidement. « T'as raison. » Dis-je simplement quand il eut refusé cette clope, oui, c'est pas plus mal qu'il décide de ne pas reprendre d'une façon ou d'une autre toutes ces saloperies qu'il pouvait prendre par le passé. Et je dis pas en lui proposant cette clope c'était un moyen pour moi de le tester, de voir s'il serait suffisamment fort pour refuser ou s'il continuerait à être un éternel faiblard. A l'évidence il est plus fort que je ne l'imaginais et c'est pas plus mal. Quand il me demande si j'ai déjà essayé d'arrêter de fumer parce que la clope c'est nocif je ricane. « J'ai essayé plus d'une fois mais franchement j'y arrive pas j'ai pas la volonté suffisante c'est un peu pour ça que je te comprends. Je sais combien c'est dur d'arrêter du jour au lendemain une drogue comme la mienne ou la tienne. Étant moi-même passé par là avec mes clopes mentholées je sais ce que c'est donc je te juge pas pour ça. » Répondis-je tout en haussant des épaules alors que je le scrute longuement de mes yeux bleus tout en tirant sur ma clope puis virant les cendres dans mon cendrier déposé à côté de moi sur mon lit. « Tu sais quand ils sont morts... J'pensais vraiment que t'en avais rien à foutre de moi, que t'oubliais que j'existe et tout. Parfois j'avais l'impression que t'étais un cadavre ou que l'ombre de toi-même et que lorsqu'elle a eu cet accident c'est comme si toi aussi tu avais eu cet accident. J'pense que c'est ça qui m'a bouffé le plus dans cette histoire... Le fait est de savoir que j'étais incapable de faire ou de dire quoi que ce soit qui te soulagerait. » Avouais-je à mon paternel tout en haussant des épaules mal à l'aise de lui dire tout ceci. « Mais après cette conversation je ne peux que me dire que tu es sur la bonne voie pour arrêter. Tu as l'air d'être bien conscient que ça t'apportera rien d'autre que des problèmes de santé donc je pense que c'est une bonne chose que tu arrêtes et puis ça me soulagerait parce que ça me bouffe pas mal que tu picoles comme ça... » Ajoutais-je tout en grimaçant. Je sais, c'est peut-être pas une très bonne idée de lui dire ça mais il faut qu'il sache qu'il me fait du mal, beaucoup de mal... Je considère que c'est important qu'il comprenne que ça ne dépend pas seulement de lui mais aussi de moi tout ça...

L’alcool suffisait amplement à la destruction du corps de Keith pour qu’il rajoute la clope, d’autant plus qu’il avait arrêter de fumer, il n’avait pas envie de s’y remettre. Enfin pas sur le moment, car il y’a des jours où il utiliserait bien un peu de weed ou toute autres drogue douce pour s’apaiser.

« T'as raison. »

Ouais, il aurait bien répondu un “j’ai toujours raison!” pour rigoler, mais clairement vu la merde dans laquelle il s’était foutu, c’était pas le moment de sortir un truc dans le genre. Il préféra demander à son fils s’il avait déjà envisager d’essayer d’arrêter la clope, ce qu’il le fit rire un peu. Bon, il voyait déjà les couleurs de sa réponse. Il lui sorti qu’il avait essayé, mais échoué. Ouais, quand on commence un truc aussi addictif, c’est difficile de s’en passer, c’est pas lui qui dira le contraire. Le problème, c’est qu’il était jeune, et ses poumons allaient finir par avoir des problèmes. Un cancer est vite arrivé. Ce n’était pas très rose de penser comme ça, c’est sûr, mais bon, on ne pouvait pas dire que Keith était le mec le plus optimiste du monde non plus. Il avait baissé la tête encore, en pensant à tout ça. Lui c’était pareil, il restait plus ou moins en bonne santé en apparence, mais en vrai, il ne voulait même pas voir l’état de son foie. Il releva la tête quand il mentionna Susan et le bébé. Et il se sentit mal quand il entendit la suite. Bien sûr, il savait qu’on aurait dit qu’il se fichait complètement de son fils, mais c’était faux. L’entendre était juste différent, et ça lui faisait mal au coeur. La suite n’était pas vraiment mieux. Il resta quelques longue secondes à fixer ses mains.

“Je sais, crois moi je sais. Ce qui rend les choses probablement encore plus horrible. Mais j’en suis conscient que je te fais du mal en faisant ça. Ça ne veut pas non plus dire que je m’en fiche de toi.”

Depuis le début, il sait qu’il lui fait du mal, mais, ça ne l’a pas empêché d’être faible et égoïste. C’était plus fort que lui. Il avait besoin d’être bourré pour aller mieux.

“Tu es bien la seule raison pour laquelle je suis encore là. Je sais que je suis clairement pas le père de l’année, j’en suis très très loin… Tu es la raison pour laquelle j’ai arrêté de fumer, et la raison pour laquelle j’arrêterais de boire. Je suis désolé de t’avoir fait subir… de te faire subir tout ça, crois moi. C’est juste que… C’est plus fort que moi.”

Il a bien merdé et il le sait. Pas vraiment besoin qu’on vienne le lui dire. C’est bizarre, être conscient qu’on a un problème, et qu’on blesse la personne qu’on aime le plus au monde, et pourtant être absolument incapable d’arranger les choses. Quand il est sobre, il a l’impression de se noyer, quand il est bourré, il a l’impression qu’il se noie, mais c’est pas grave. C’est tellement plus compliqué que ça en à l’air, son esprit est juste un champ de bataille, c’est tellement le bordel là dedans. Même lui ne s’y retrouve pas toujours.

Du soulagement ! Voilà ce que je ressens en cet instant précis quant au fait que nous avons enfin pu discuter tous les deux de tout ce qui pouvait poser problème dans notre maison. Néanmoins bon j'admets que le fait est de le voir souffrir à ce point à cause de sa saloperie d'alcool ça me détruit encore plus. Personne ne mérite ça, c'est ça que je me répète à longueur de temps à chaque fois que je suis avec lui et que je le vois sombrer de la sorte. Je le fixe longuement de mes yeux avec un peu plus de douceur que d'habitude, parce qu'en fin de compte le fait est d'avoir eu cette discussion je vais pas dire que ça va tout arranger mais au moins ça calmera les tensions et les non dis et ça je pense que c'est une bonne chose. Quand j'entends ses mots j'acquiesce, rassuré de voir qu'il ne s'en fou pas de moi comme je pouvais encore le penser il y a quelques minutes. « Bon c'est rassurant parce que je t'avouerais que depuis ce qu'il s'est passé je me suis demandé parfois si tu m'oubliais pas un peu quoi... » Dis-je en me mordillant la lèvre inférieure pour ne pas craquer et sombrer dans un profond chagrin comme ça peut m'arriver parfois. Il rouvre alors la bouche me disant que s'il est encore là c'est uniquement pour moi et pour moi seul, ça me touche c'est évident, ça me touche énormément et ça se voit à la gueule que je tire. « C'est rassurant de voir que je compte encore pour toi. Pendant tout ce temps j'ai cru que tu ne m'aimais plus, que tu me prenais pour le responsable de sa mort, enfin j'sais pas. Que j'avais fais quelque chose de grave ou de misérable pour mériter que tu me délaisses de la sorte. » Avouais-je à mon père tout en détournant les yeux mal à l'aise de lui dire de telles choses... J'ai pas pour habitude de me confier comme ça de base donc c'est un peu une première pour moi...

Il n’aimait pas ce qu’il était devenu. Personne n’aimait ce qu’il était devenu, il faudrait être fou pour ça. Un alcoolique, dépressif, qui à complètement laissait tomber son fils. Pathétique. Et il déteste ça, et il se détestera toujours d’avoir fait ça, même s’il s’en sort. Il ne se le pardonnera jamais. C’est le genre de choses dont on ne se pense pas capable avant que cela nous arrive. Avant la mort de Susan, jamais il n’aurait cru être capable de tomber aussi bas. Mais dieu sait qu’il aimerait retourner dans le passé pour changer les choses, et s’il ne peut pas la sauver, au moins se sauver lui, histoire qu’il soit là pour son fils. Malheureusement ce n’est pas possible

« Bon c'est rassurant parce que je t'avouerais que depuis ce qu'il s'est passé je me suis demandé parfois si tu m'oubliais pas un peu quoi... »

Il l’a laissé tombé, il a été le pire des enfoirés, pas de doute là dessus, mais jamais, O grand jamais il n’avait cessé d’aimer son fils, et jamais il ne serait capable de l’oublier. C’est son fils après tout. Il a beau être dans la catégorie des mauvais pères, pas de doute là dessus, il reste un père. Et il aime son fils plus que tout au monde. Comme il le lui dit, il est la raison pour laquelle il est toujours sur cette planète. Il est sa raison de vivre. Il écouta ce qu’avait à dire et il fronça les sourcils ses yeux s’humidifiant.

“Quoi? N-Non! Comment, comment je pourrais penser un truc pareil? Je suis désolé que tu ai pu penser ça.  Mon dieu! Ce n’est pas de ta faute”

Il enfonça son visage dans ses mains. Il était horrible, Keith était un père horrible. Non seulement il l’avait abandonné, mais en plus il avait fait croire à son fils qu’il était le responsable de tout ça. Qui fait ça? Si ce n’est lui. Et comment avait-il pu louper ça? Quel abruti fini il était. Un putain d’enfoiré. Il méritait un palme d’or du pire père qui soit.

“Je suis vraiment, vraiment désolé. Non seulement je t’aime, et rien ne changera jamais ça! mais… Celui qui les a tué est derrière les barreaux, c’est de sa faute à lui, et… Le reste, c’est ma faute. Tu n’a rien à te reprocher, rien du tout! Je suis tellement désolé!”

A ce niveau là, c’est plus des baffes qu’il méritait, c’était des coups de battes de baseball. Si seulement sa femme était encore là. Susan aurait géré tout ça bien mieux. Si les rôles avait été inversé, jamais elle n’aurait abandonné ses enfants comme lui a pu le faire avec Isaac.

Perdre quelqu'un d'une quelconque manière est toujours un moment très difficile à vivre et moi ça je sais ce que c'est. Entre la mort de ma mère, et par conséquent de mon frère, ainsi que le suicide de ma meilleure amie, et premier baiser en prime, j'en ai eu ma dose des personnes qui se suicident ou qui meurent dans ma vie. Mais jamais je n'aurais pu imaginer que mon père puisse finir comme ça en alcoolique dépressif qui a perdu tout goût à la vie. Jamais je n'aurais pu imaginer une pareille situation aussi alarmante et déprimante. Parce qu'en fin de compte si lui souffre pour tout ce qu'il s'est produit, pour l'homme qu'il est devenu et j'en passe moi je souffre aussi de toute cette situation. Je souffre d'avoir vu cet homme que je considérais auparavant comme mon modèle et idole sombrer à ce point et de n'avoir rien pu faire pour lui venir en aider. Se sentir impuissant c'est difficile mais c'est encore pire quand on se sent impuissant face à une situation comme celle-ci et de ne pouvoir rien faire pour le seul parent qu'il nous reste. Mais heureusement aujourd'hui nous avons discutés on a mit les points sur les "i" on a dit ce qu'on pensait et ressentait l'un et l'autre et je juge que c'est une excellente chose. Quand je vins à lui confier que j'ai pensé parfois qu'il me considérait comme l'élément qui a tué ma mère et mon frère il semble horrifié ce que je peux comprendre. « Je suis rassuré de te l'entendre dire. Parce que quand je voyais ton comportement j'avais l'impression que le problème venait de moi. Que j'avais fais quelque chose de terriblement grave et que tu me portais la faute sur la gueule. » Avouais-je en me mordillant la lèvre, évidemment, maintenant que je dis tout ça a voix haute je me rends juste compte que c'était juste de la grosse connerie d'avoir pensé ainsi mais je n'y peux rien, voir mon père me délaisser ainsi ça m'a tellement bouleversé que du coup je ne voyais pas d'autres solutions : j'étais responsable tout simplement. Il s'excuse alors visiblement gêné que j'ai pu penser tout ceci et j'acquiesce comprenant ses mots. « Oui je sais tout ça... De toute façon maintenant que je te dis ça je me rends bien compte que c'est juste super con d'y avoir songé. Mais bon au moins on a pu discuter, mettre les choses au clair et je trouve ça très bien au moins maintenant je sais ce qu'il en est. » Répondis-je simplement tout en affichant un petit sourire sur mes lèvres en prononçant ces quelques mots. Oui ça fait du bien de me rendre compte que je ne suis responsable de rien et qu'en fin de compte il ne m'en veux pour rien du tout, que c'est juste lui qui a été con et que moi je n'ai rien fais. C'est agréable de s'en rendre compte très agréable...

Déjà que Keith s’en voulait beaucoup de boire et de laisser tomber son fils, mais maintenant qu’il l’entendait dire qu’il pensait que son père le tenait responsable pour ce qu’il s’était passé? Uhh, il s’en voulait tellement, il en avait mal au ventre. Il s’auto dégoûtait plus que d’habitude. Et il pensait pas que c’était possible. Le temps où tout allait bien lui manquait énormément et il vendrait son âme au diable pour y revenir.

« Oui je sais tout ça... De toute façon maintenant que je te dis ça je me rends bien compte que c'est juste super con d'y avoir songé. Mais bon au moins on a pu discuter, mettre les choses au clair et je trouve ça très bien au moins maintenant je sais ce qu'il en est. »  

Peut-être, mais s’il avait pu penser ça, c’est que Keith le lui avait laissé croire à un moment ou à un autre. On ne se met pas à croire ce genre de chose juste un matin en sortant du lit. Et c’est de la faute de keith. Il a merdé, et pas qu’un peu. Franchement, il commençait à se demander si un jour lui et Isaac pourrait retrouver un semblant de la relation qu’ils avaient autrefois. Jamais son fils ne pourrait lui pardonner, ou oublier le mal qu’il peut lui faire.

“Je suis vraiment désolé, tu mérites tellement mieux. Dieu sait que tu mérite plus que ça! J’ai grave foiré. Honnêtement, je sais même pas pourquoi tu es resté, t’aurais sûrement été mieux chez tes grand parents...”

Depuis que Susan est morte, ses parents n’ont pas arrêté de dire à Isaac de venir s'installer chez eux. Peut-être qu’il aurait dû, au moins, il aurait eu un foyer bien plus stable que celui que lui a offert Keith. Un alcoolique, abruti qui a abandonné son fils. Le pire, c’est que même maintenant, il veut boire. Il a cette petite voix dans sa tête qui lui répète qu’il a besoin d’un verre ou deux, ou dix. S’il avait été à la place d’Isaac dieu sait qu’il se serait barré sans même y penser à deux fois.

Face à son regard je comprends sans pour autant être un génie qu'il souffre, il en souffre de tout ce que j'ai pu lui dire aujourd'hui et je m'en veux quand même pas mal parce que ce n'est pas ce que je voulais. Moi en lui disant tout ça je m'étais dis que ça arrangerait les choses s'il savait ce que j'ai pensé ou ressenti là à voir son regard tout triste et a entendre ses mots je comprends juste que ça l'a profondément blessé. Néanmoins je me dis que peut-être ce sera déjà un bon début pour qu'il en vienne a arrêter de boire, autant il va se dire qu'il a merdé au plus haut point et que donc l'alcool ne lui apporte rien de bon. Je suis sans doute débile de penser ainsi parce que je connais mon père et maintenant l'alcool c'est la seule chose qui compte véritablement pour lui... Et même s'il m'a dit droit dans les yeux que je comptais plus que quoi que ce soit d'autre bah je me dis malgré tout que mon père picole encore et là il a sûrement encore envie de boire malgré cette discussion. Quand je vins alors à entendre ses mots j'acquiesce et le scrute longuement « Pour dire vrai je n'avais pas envie d'aller chez papi et mamie et te laisser seul ici. Autant t'aurais fais une overdose on sait jamais ça arrive bien plus souvent qu'on ne le pense et si je suis pas là qui va appeler les pompiers ? Personne. Donc je me suis mis dans le crâne qu'en restant avec toi je m'assurais que tu ne meurs pas horriblement. Fallait bien que quelqu'un veille sur toi. » Dis-je simplement tout en haussant des épaules en prononçant ces quelques mots. Naturellement j'aurais moins douillé en étant chez papi et mamie mais je pouvais pas m'y résoudre c'était la solution de facilité comme lui il a pris la solution de facilité en se torchant la gueule plutôt que d'assumer la réalité...

Si seulement le bouton “redemarrer sans échec” pouvait exister dans la vraie vie, Keith l’aurait utilisé il y’a bien longtemps. Malheureusement on ne peux pas refaire ce qui s’est déjà produit. Et changer du jour au lendemain est absolument impossible. Le besoin de boire est plus fort que sa volonté de se sevrer. Il y arrivera un jour… le plus tôt sera le mieux. Il a du mal à comprendre pourquoi Isaac est encore là. Il a eu toutes les raisons du monde de partir.

« Pour dire vrai je n'avais pas envie d'aller chez papi et mamie et te laisser seul ici. Autant t'aurais fais une overdose on sait jamais ça arrive bien plus souvent qu'on ne le pense et si je suis pas là qui va appeler les pompiers ? Personne. Donc je me suis mis dans le crâne qu'en restant avec toi je m'assurais que tu ne meurs pas horriblement. Fallait bien que quelqu'un veille sur toi. »

Dieu sait que Keith se sentait affreusement mal. Il aurait dû l’envoyer de force chez ses grands parents, ça aurait été bien mieux pour lui. Il y a des raisons acceptable pour qu’un enfant s’occupe d’un parent. S’il est malade par exemple, et encore il faut que ça reste des petites tâche. Là… ce n’était pas acceptable. loin de là.

“Tu aurais dû y aller. Ce n’est pas ton rôle de t’occuper de moi. Ça n’aurait jamais dû se passer comme ça… jamais. Tu aurais été bien mieux chez tes grands parents.”

Comment tout foiré en quelque leçon. Par Keith McAvery. Il lui restait encore une chose. Son boulot… Mais sûrement pas pour longtemps. Ce n’était un secret pour personne qu’il allait mal. Et même si ce n’était officiel tout le monde connaissait son penchant pour l’alcool.

“J’aimerais vraiment changer les choses. Crois moi. Je suis… désolé. J’ai merdé. Et c’est toi qui en paie le prix.”

Il mériterait presque de se faire lyncher. Quel père abandonne son fils comme lui l’a fait. C’est injuste. Et Keith n’a même pas su arranger ça… il s’est complètement laissé allé et ne s’en est même pas rendu compte. Quel père indigne. Il doit déjà avoir une place à son nom en enfer. Même s’il ne croit pas à ses conneries là.

On commet tous des erreurs c'est ça que je me dis en cet instant précis, OK, en tant que père il est nul a chier ça c'est une certitude mais en tant qu'humain il est juste normal... Moi aussi je fais parfois des erreurs plus que ridicules et il n'en reste pas moins que mes erreurs me permettent d'une façon ou d'une autre d'avancer. Après je ne dis pas que tout est pardonné, jamais je n'oublierais ce qu'il a pu me faire subir depuis un an, ce n'est pas une chose que l'on oublie comme ça de toute façon, mais bon, je me dis que cette discussion nous aura fait du bien à lui comme à moi et à mes yeux ça c'est plus qu'important. Alors lorsqu'il me dit que je n'ai pas à m'occuper de lui et que j'aurais simplement dû aller chez mes grands-parents, que ça n'aurait jamais dû se passer comme ça j'acquiesce. « C'est sûr que j'aurais été certainement beaucoup plus heureux avec eux mais je voulais pas te laisser ici tout seul a broyer du noir. Je frissonne rien qu'en imaginant ce que tu aurais fais. » Dis-je simplement en roulant des yeux. Oui je me dis que si avec moi à la maison il picole comme un trou alors que se serait-il passé si j'étais seulement partis ? De la merde ça c'est une valeur sûre, une belle merde qu'il serait arrivé, il aurait très bien pu mettre fin à ses jours ou alors il aurait picolé jusqu'à faire une overdose en se disant qu'il a définitivement tout perdu. Et ça clairement je ne me le serais pas pardonné donc je préfère encore vivre ce que je vis depuis un an plutôt que vivre avec le souvenir que j'ai poussé mon père au suicide, ça c'est pas envisageable. Il s'excuse à nouveau me disant qu'il a déconné et que j'en paie le prix, j'acquiesce alors. « C'est OK... Je vis avec tu sais. A force j'ai finis par me faire une raison. Guéris, passes à autre chose et tout ira bien. » Répondis-je simplement en haussant des épaules, évidemment, je sais que guérir et sortir de tout ceci ne se fera pas en deux jours mais je croise les doigts pour que ce ne soit pas trop long non plus...

Il fallait vraiment qu’il se sorte de cette merde, histoire que son fils n’est plus à penser qu’il doit s’occuper de lui. Quand il lui sortit qu’il était resté juste pour être sûr que son vieux ne passe pas l’arme à gauche. Il aurait dû le forcer à aller vivre là-bas, certes une partie de lui ne voulait pas, parce que c’est son fils, et soyons franc, il n’aime pas beaucoup ses beaux parents, ils sont trop pompeux, et jugent tout ce qui bouge, ils ne l’ont jamais aimé, mais Isaac aurait été plus heureux là-bas.

“Ce n’est pas ton rôle de faire ça. Tu aurais dû y aller, que quelqu’un prenne soin de toi. C’est dans ce sens là que ça se passe. Je sais j’ai pas de leçon à te donner, mais, tu aurais été mieux là-bas. Du moins probablement. Ton bien être, c’est ce qu’il y a de plus important.”

Et s’il va mal, c’est de la faute de Keith, qui lui ne va pas bien non plus, loin de là. Mais en temps que père, il aurait dû mettre ça de côté, et être là pour son fils. Il le sait bien, en même temps, même un aveugle pourrait voir qui est le fautif. Il a juste tellement perdu le contrôle de sa vie après la mort de Susan, sans réellement s’en rendre compte. Et oui c’est injuste pour son fils, et il aurait dû être là, les choses ont juste pris un tournant différent. Il passa ses mains sur son visage tout en soupirant.

“C’était à moi de faire ça. J’mérite bien le prix du plus gros fail de l’année. Je suis désolé. Tu mérite tellement mieux.”

Il n’y a pas grand chose d’autre qu’il pouvait dire à part qu’il était désolé. Ca ne changerait rien, jamais il ne changerait ce qu’il a fait. La seule chose qu’il pouvait faire maintenant, c’était d’aller mieux, de trouver une solution. Doubler ses rendez vous chez le psy, essayer de supporter la douleur. Et même s’il était trop tard, il pourrait quand même améliorer ses relations avec son fils.

J'en souffre de cette situation ça n'en fait aucun doute. Le fait est de voir mon père bourré à longueur de temps et qu'il ne fasse rien pour arranger ça définitivement ça m'agace mais bon je présume qu'après cette conversation ça ne peut qu'aller un petit peu mieux, non ? Moi je m'ose à le croire en tout cas et j'espère que j'aurais raison parce que plus le temps passe et plus ça me rend dingue de le voir se détruire à la longue comme ça. Surtout pour quelque chose qui ne lui apportera rien de bien particulier. A quoi bon boire ? Ça te permet juste d'évacuer pendant quelques années après, une fois que les effets de la boisson se sont dissipés tes problèmes sont toujours là... Moi je ressens le truc comme ça en tout cas et être bourré en permanence n'est pas l'idée du siècle j'espère que ça aussi il en est conscient. « Peut-être oui. Peut-être que ç'aurait été mieux pour moi, sûrement même mais tu vois si une fois chez eux j'avais appris quelques jours ou quelques mois après que tu avais fini par te tuer d'une quelconque façon là ça n'aurait pas été mieux pour moi parce que je me serais dis que sous le coup de l'égoïsme j'étais partis chez papi et mamie et que j'avais perdu mon père. Donc non désolé de te dire ça mais je préfère affronter ça avec toi à la maison plutôt que d'être chez eux et de perdre mon père parce qu'il est con quand il boit. » Dis-je en roulant des yeux. Maintenant que je lui ai dis ce que je pensais et ressentais il passe son temps à s'excuser c'est bien beau mais des excuses c'est comme des trous du cul tout le monde en a et ça n'a que peu de valeur. Ses excuses aussi sincères soient elles, c'est sûr qu'elles n'enlèveront jamais le fait est que j'ai perdu ma mère et mon frère et que je suis senti comme la pire des merdes parce que je perdais peu à peu mon père. Donc ses excuses à la limite il peut bien se les garder ça ne changera rien à ce que je pense et ressens. Ou encore à comment je me suis sentis pendant tout ce temps. « Oui c'est sûr que tu mériterais un sacré prix. Mais même avec un prix tu réagirais pas forcément quant à ton état.. » Répondis-je blasé sans vraiment chercher plus loin. Je suis juste sacrément emmerdé parce que quoi que je fasse et quoi que je dise ça ne changera rien. J'ai perdu mon père, mon père s'est anéanti avec l'alcool et précédemment la drogue et maintenant il n'est plus qu'un cadavre sur pattes répugnant et ... Bourré...

Reset devrait être une option dans la vraie vie. Les choses seraient plus simple, ou alors avoir des sauvegarde auxquelles tu peux retourner quand les choses ont mal tournée. Mais la vie n’est pas un jeu vidéo malheureusement. Encore une fois Liam lui sort la raison pour laquelle il n’est pas partit chez ses grand parents. A se demander lequel des deux est vraiment l’adulte ici. Il faut vraiment qu’il trouve un moyen de s’en sortir. Déjà, voir son psy plus souvent, ça pourrait aider, au moins un peu. Et puis l’écouter un peu plus, parce que bien qu’il lui donne pas mal de conseil, Keith fait souvent la sourde oreille, et oublie tout ce qu’il a pu dire une fois passé la porte d’un bar.

« Oui c'est sûr que tu mériterais un sacré prix. Mais même avec un prix tu réagirais pas forcément quant à ton état.. »

Il a surement raison. Et c’est triste, mais il ne peut pas claquer des doigts et simplement arrêter, il aimerait que ce soit possible pourtant, réussir à ne plus être en manque, ne plus avoir besoin d’alcool. Il soupira et se leva avant de se diriger vers la porte. Il se tourna vers Liam, ayant une dernière chose à dire, et une petite idée qui lui vint en tête.

“Je te l’ai dit, j’vais faire un effort. J’vais trouver un truc. Enfin bref… T’as faim? Tu veux que je commande une pizza? On pourrait la manger ensemble en regardant une connerie à la télé?”

Il doit bien y avoir un match à la télé ce soir, football ou basket, peu importe, mais, ça serait déjà un point de départ pour recommencer sur de bonnes bases. Ou peut-être est-ce un peu trop d’un coup. Bon, on verra, de toute façon avant ça il allait avoir besoin d’un verre. Ou deux, promis il fera l’effort de ne pas boire plus que ça ce soir, pas avant que Liam soit couché en tout cas. Même s’il veut arrêter, ce n’est pas en stoppant tout d’un coup qu’il va réussir.