CH. 1

Me voilà de retour dans la maison familiale après une journée de cours. Importante, puisque nous venons de recevoir notre bulletin de milieu d’année. J’ai travaillé autant que je le pouvais pour avoir des bonnes notes. J’ai 16 de moyennes dans tous les cours. Et j’en suis content. Ce sont des résultats vraiment bons à mes yeux, et je suis dans les premiers dans la classe. Pour un élève de primaire en tout cas, c’est une bonne chose. Je suis content de moi, j’ouvre la porte d’entrée avec le sourire aux lèvres, rejoignant ma mère dans le salon lui donnant directement le carnet. « - Regarde maman, j’ai réussi. » Je m’assieds à ses côtés, le temps qu’elle regarde. Elle prend de lire tout. Elle me serre ensuite contre elle, pose un baiser sur ma joue. « - C’est bien, je suis contente. Continue comme ça. Tu le montreras à ton père quand il rentrera. » J’approuve d’un signe de tête. J’ai hâte de le lui faire voir, j’ai envie qu’il soit content de moi pour une fois. J’espère qu’il le sera. J’ai envie d’exister à ses yeux. Je salue la femme de ménage qui arrive, voulant avoir une discussion avec ma mère en tête à tête. Je reprends donc mes affaires, les laissant ensemble. Je montre quatre à quatre les grands escaliers, retrouvant ma chambre. Nous vivions dans une grande maison, sans doute trop grande pour nous trois, mais nous avons les moyens, enfin mes parents. Mon père est avocat et ma mère est dans les affaires. De ce côté-là, il n’y a pas de soucis. Nous représentons même une belle famille aux yeux des autres qui nous connaissent assez bien. Mon père s’occupe de grosses affaires la plupart du temps, il est médiatisé. Je passe quelques heures devant la télévision, me divertissant devant les dessins animés. Quand j’entends la voix de mon père. Je reprends mon bulletin, courant pour descends les escaliers et rejoindre mes parents dans la salle à manger. « - Papa, j’ai eu mes résultats. » Dis-je en levant le bras pour lui donner. Homme impressionnant, je me sens encore plus petit près de lui, plus gêné. Il ne me prête pas beaucoup d’attention, il ne l’a d’ailleurs jamais fait. Mais j’essaie toujours qu’il me regarde, qu’il me voit car j’existe quand même. Son regard envers moi est maitrisant, j’en perds mon sourire. « - Et tu es fier de me montrer ça ? Tu n’as pas honte ? Comment ai-je pu avoir un fils aussi stupide ! » Ma mère toujours dans la pièce pris parole à son tour. « - Sam arrête. Il a… » Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’il lève la main sur elle. « - Nooon ! » Dis-je en essayant de me mettre entre eux, mais ma mère me repousse pour ne pas que je prenne le coup à sa place. « - Va dans ta chambre Alexis. » Je la regarde quelques minutes, voulant faire quelque chose mais c’était impossible. Alors je suis parti dans ma chambre, m’enfermant dans celle-ci. Je n’ai pu retenir mes larmes, encore moins en entendant les cris de ma mère. Il fait tout le temps ça. Il s’en prend à elle sans raison. Et je me sens pourtant coupable pour cette fois. Je n’aurais peut-être pas dû essayer de le rendre fier finalement.

CH. 2

Je viens de fêter mes 12 ans au Mc Donald avec quelques amis. Peut-être que ça n’est plus vraiment pour moi mais je voulais vraiment le faire. C’était une fête géniale, je me suis beaucoup amusé. J’ai eu quelques cadeaux, qui me tiendront toujours à cœur. « - Merci de m’avoir raccompagné. A bientôt. » Je dis au revoir à mon ami et ses parents descendant de la voiture.  Ce n’est qu’une fois dehors que je vois les lumières bleues de l’ambulance. Je fronce les sourcils sans comprendre, regardant vers l’entrée de la maison. Celle-ci est ouverte. Je regarde la voiture partir derrière moi. Puis je me dirige vers la maison, avec une petite boule au ventre. Je ne comprends pas. J’avance un petit peu plus vite, passant la porte. « - Maman ?! » Criais-je directement, comme je le fais toujours. Cependant, ça n’est pas elle qui vient vers moi mais un policier. « - Reste là mon grand. » Je secoue doucement la tête. Pourquoi est-ce qu’il me demande ça ? Je suis chez-moi. Je fais ce qu’il me plaît. Je n’ai pas envie de rester là. « - Pourquoi ? Qu’est-ce qui se passe ? Où est ma mère ? » Demandais-je assez rapidement, devant un petit peu plus nerveux. Il ne semble pas y avoir d’autres bruits que les voix de ces personnes, ces soignants. Le policier est jeune, sans doute que ce sont ses premières interventions. Ce dont je me fiche vu mon âge. Mais il ne semble pas quoi savoir me répondre. Je me précipite alors vers la pièce d’où sortent les voix, la cuisine. C’est là que je vois ma mère sur le sol, un infirmier lui fait un message cardiaque. « Maman… » Je reste un peu de marbre, les yeux fixés sur elle. Son corps ne bouge pas, elle n’est pas consciente. Il n’y a pas de sang cependant. Qu’est-ce qui lui est arrivé ? Un homme vient vers moi. « - Tu ne dois pas rester là. Hey.. Je t’ai dit de t’occuper du garçon. » Dit-il au jeune policier, qui revient vers moi, m’attrapant par le bras pour que je le suive. J’essaie quand même de me débattre mais il est beaucoup trop fort. « - Qu’est-ce qu’elle a ?! » Demandais-je en le fixant du regard. La femme de ménage, présente depuis le début vient vers moi. Un visage familier, ça me fait déjà du brun. Elle me demande de m’asseoir avec elle, ce que je fais. Elle m’explique que ma mère a pris des médicaments, qu’elle l’a retrouvé inconsciente. Elle essaie de me le dire avec ses mots. Me tendant une lettre écrite de la main de ma génitrice. La mort de celle-ci ne tarde pas à être prononcer. Me laissant vide et triste. Je ne peux retenir mes larmes. « - Il va falloir que tu viennes avec nous au post. Alexis c’est ça ? » Je hoche la tête pour lui répondre. Mais cette fois, c’est mon père qui arrive dans la pièce, en ayant entendu la conversation. « - Il reste ici. Vous n’avez aucun droit sur lui. Ma femme s’est suicidée, il n’y a rien à dire de plus. Je suis avocat, je connais mes droits et ceux de mon fils. » Je lui lance un regard noir. Il pose sa main sur mon épaule, la serrant assez fort pour me faire comprendre de ne pas les suivre. Ils quittent petit à petit la maison. Restant plus que nous deux, et le personnel. Je me redresse rapidement. « - C’est de ta faute ! C’est à cause de toi qu’elle a fait ça ! Je te déteste. » Je me suis jeté sur lui pour lui mettre des coups, mais il est bien plus fort que moi. Je n’ai rien pu faire contre lui. Je me suis retrouvé encore plus mal. Il m’a laissé enfermer dans ma chambre jusqu’au lendemain, pour que je ne puisse rien dire à personne, que je ne dise pas le genre d’homme qu’il est réellement.

PRESENT

Ca fait 5 ans maintenant que ma mère a mis fin à sa vie. Je ne peux pas lui en vouloir, elle était malheureuse. Elle ne pouvait plus vivre ainsi. Peut-être qu’il y aurait pu y avoir d’autres solutions que la mort, mais c’est sa décision. Je l’ai mal vécu. Elle était mon pilier, elle a toujours pris soin de moi, elle m’a toujours encouragé. Je sais qu’elle m’aimait, elle me l’a dit, encore et encore dans la dernière lettre qu’elle m’a laissée. Elle a également fait en sorte que je ne me retrouve pas sans rien, elle a laissé un compte épargne pour moi, avec un belle somme qui ne cesse d’augmenter avec les intérêts chaque mois. Mon père est devenu encore plus un inconnu qu’il ne l’était pour moi. Nous vivons toujours dans la même maison, je n’ai pas le choix, je suis encore mineur, je ne peux pas partir ainsi. Je n’ai rien dit à personne sur le comportement de mon père. Je me suis dit que ça ne ramènera pas ma mère et que ça me taire m’évite bien des problèmes. Je me suis mis à me mutiler, supportant mal cette solitude et le vide qu’elle a laissé dans ma vie. Je voulais une échappatoire et je l’ai trouvé dans cette action. Je me suis créé un certificat médical, pour ne plus être obligé de participer au cours de sport.  Impossible pour moi de montrer mon corps avec les marques que j’y fais sans cesse. Je fais du sport quand je suis seul chez-moi, car j’aime bien ça. Mais jamais en communauté. Comme je me rends jamais dans l’eau, je me déshabille très peu. Je fais attention. J’ai honte de ce que je fais, mais je suis incapable d’arrêté pour le moment. En dehors de ça, je suis toujours au lycée. Je poursuis mes cours normalement. J’essaie de réussir au mieux, même si ça n’est pas toujours facile. J’ai envie d’obtenir mon diplôme. J’ai envie de faire autre chose. Je ne sais pas si j’irai à l’université ou si j’irai travailler. Je n’ai pas encore trouvé le travail que je veux faire par la suite. Je suis tellement enfermé dans la bulle que je me suis créée que le monde me semble bien loin. Ma vie est plus virtuelle que réelle. Mais je suis pourtant bien là, j’existe. Et malgré tout, je ne compte pas en finir avec la vie, je veux vivre. Au moins pour elle.