Cela ne m’étonna pas vraiment que Lissandra m’annonce qu’elle n’allait pas boire quoi que ce soit d’alcoolisé, même si j’avais quand même pris le risque de le lui demander. En effet, peut-être aurait-elle voulu faire différent, parce que nous étions ensemble, parce que c’était un moment spécial, mais je ne pouvais pas la forcer à faire quoi que ce soit, surtout que sur ce point, je pouvais la comprendre. Moi-même, pendant les saisons de football, je buvais que très peu d’alcool, même si je la tenais bien, sauf quand je savais que je passais quelques jours sans jouer ou avoir un entraînement et encore là, cela n’avait jamais été mon genre de me bourrer complètement. Toutefois, aujourd’hui, dans ce restaurant, un verre de vin ne serait pas de refus, mais si ma petite-amie ne partageait pas mon envie, alors je ne pouvais pas la forcer, et jamais je ne pourrais me permettre de faire une chose pareille. Je me contentai donc de lui sourire doucement, acceptant ainsi le fait qu’elle allait prendre que du jus de fruits, puis je me retournai vers le serveur pour lui demander ce fameux jus - même s’il avait entendu Lissandra le dire - tandis que pour ma part, je me commandais une bière. Ce n’était pas aussi raffiné que du vin, j’en étais conscient, mais n’étant pas du genre à faire attention à ce que je buvais avec le type de repas que je prenais, je m’en moquais bien. Le serveur nous quitta en nous laissant devant un menu qui, je devais l’avouer, présentait des choses qui semblaient plus délicieuses les unes que les autres. Soupirant devant une telle variété, surtout que selon les quelques images présentées, tout avait l’air très bon. C’est pourquoi, au bout du compte, je décidai de demander à ma dulcinée:  « As-tu une idée de ce que tu vas prendre ? » en me disant que peut-être cela pourrait me donner une idée que ce que j’allais manger, parce qu’en ce moment, je serais du genre à prendre tout ce qui se trouvait au menu et ça, ce n’était juste pas possible. Non pas que mon porte-feuille ne me le permettait pas, mais il y avait des limites à manger sans avoir de fond, quand même.

Si j’avais eu le moindre soupçon comme quoi Lissandra n’était jamais venue dans ce restaurant, là, je ne pouvais plus en avoir du tout. Non pas que je remettais ses propos en question, jamais je ne pourrais me permettre de faire une chose pareille, mais c’était une façon de montrer que c’était maintenant évident que ma petite-amie s’y connaissait et pour être parfaitement honnête, ça avait le don de m’amuser. Tandis que je l’écoutais me dire ce qu’elle prenait sans limite regarder le menu, je lui souris, mais je ne pus malheureusement dire si c’était là un excellent choix ou pas, compte tenu que je ne savais même pas de quoi il s’agissait. Voilà pourquoi, de mon côté, j’allai regarder le plat et son descriptif. Ça avait l’air bon, effectivement, mais je ne savais pas si je pourrais manger que de ça. Une assiette de calmards frits en entrée, pourquoi pas, mais pour le reste, il me fallait un peu plus de… consistance. De plus, je ne me voyais pas vraiment obligé de choisir le même plat que ma dulcinée - enfin, rien ne m’y forçait - alors je continuai à regarder le menu et aussitôt, un plat attira mon attention. Sachant que je n’aurais pas besoin d’aller plus loin, je décidai de faire part de ma décision à Lissandra, et dire:  « Je crois que pour moi ce sera le filet mignon, il semble délicieux. Et je crois que je vais demander s’ils ne peuvent pas changer quelques légumes par des calamars frits. » Je lui souris une nouvelle fois, puis je décidai de proposer, juste comme ça:  « Ça te dirait qu’on partage une entrée de pâtes avant ? » parce que je savais que me connaissant, j’arriverais bien à tout manger, mais après, si Lissandra préférait s’en tenir à son plat principal, ou garder de la place pour le dessert, je n’allais pas l’en empêcher. Elle était quand même libre de faire comme elle le souhaitait.

Ce fut sans hésitation que je hochai la tête positivement à la demande de Lissandra, qui voulait s’assurer que je lui dirais si mon plat était bon ou non. Pourquoi je m’y opposerais ? Franchement, il n’y avait aucune raison. Premièrement, j’étais plutôt transparent - ce qui faisait de moi un horrible joueur de poker - alors si j’aimais cela ou non, elle le saurait bien avant que je lui dise. Ensuite, ce n’était pas quelque chose que je comptais lui cacher et finalement, mais ça, je ne le mentionnai pas, j’avais l’intention de lui faire goûter à mon plat si elle le souhaitait. Si elle ne le voulait pas, je ne pouvais pas la forcer, mais si elle le souhaitait, cela ne me gênerait pas du tout. Pourquoi je serais embêté à l’idée de partager un plat avec ma petite-amie ? Que je sache, elle n’était pas dédaigneuse au point de ne pas vouloir manger dans une autre assiette, comme elle sut me le prouver en acceptant de partager un plat de pâtes. Sa réponse eut pour effet immédiat de m’arracher un sourire, sourire que je gardai jusqu’au moment où Lissandra me demanda ce que je voulais prendre. Je ne perdis pas mon sourire parce que j’étais embêté à l’idée de choisir, mais parce qu’il me fallait un petit moment de réflexion, quand même. Je le passai à considérer le menu d’un oeil attentif, regardant bien évidemment la section des pâtes proposées en entrée. Puis, au bout d’un petit moment, je décidai de proposer:  « Les pennes sauce tomate ? Ou bien les tortellinis ? » préférant proposer deux choix, histoire de laisser le dernier mot à ma petite-amie, voire même proposer autre chose si elle en avait envie.

Le choix pour l’entrée étant maintenant arrêté, de même que pour mon plat principal, il n’y avait pas de raisons pour attendre plus longtemps avant de commander à mon avis. Il fallait dire aussi que de mon côté, la faim se faisait sentir de plus en plus, du coup, je n’allais pas me plaindre si nous pouvions passer notre commande. Heureusement, le serveur ne tarda pas à revenir avec ce que nous avions commandé niveau breuvages, nous demandant si nous étions prêts à commander. Ne voyant pas pourquoi nous attendrions plus longtemps, je commandai le premier, demandant l’assiette de pâtes pour nous deux, puis le plat que j’avais choisi en m’informant si je pouvais apporter le changement que je souhaitais. Le serveur sembla trouver le choix étrange, mais il n’en fit pas tout un cas, se contentant de noter avant de se retourner vers Lissandra et lui demander sa commande. Une fois qu’il eut tout pris en note, je le remerciai poliment d’un sourire, puis je n’attendis pas plus longtemps pour prendre ma bière, et la regarder en soulevant ma bouteille pour trinquer avec elle en mentionnant:  « À ce petit voyage qui a vraiment valu le coup… » Sans attendre plus longtemps, les deux contenants de verre s’entrechoquèrent, puis je pris le temps de boire une première gorgée de ma bière dont le goût ne me surprit pas vraiment. En toute honnêteté, j'avais l’habitude d’en prendre une fois de temps en temps, et celle-ci n’était pas vraiment différente, parce que je n’avais pas pris une marque que je ne connaissais pas, un truc du genre. Puis, une fois que j’eus pris cette gorgée, je reposai ma bouteille sur la table, et je reportai mon entière attention vers Lissandra, décidant de lui demander par curiosité:  « As-tu une idée de ton emploi du temps pour les prochains jours ? »

Même si Lissandra m’avait dit précédemment qu’elle était contente de me voir ici et que par conséquent, ma surprise était une réussite, je me permis quand même d’accepter le commentaire une nouvelle fois, le considérant avec un large sourire aux lèvres tandis que nous trinquions à ce petit moment que nous pourrions passer ensemble, même si je me doutais déjà que celui-ci ne consisterait pas à rester ensemble en tout temps, à faire des sorties tous les deux comme si nous étions en voyage. Il fallait que je garde à l’esprit que Lissandra était là pour travailler, et que son boulot étant déjà assez compliqué comme cela, je ne voulais pas lui rendre la tâche encore plus pénible simplement parce que j’étais là. J’étais conscient du risque que je prenais en venant la rejoindre ici, et je tenais le prendre en considération jusqu’à ce que nous puissions rentrer à Marple Spring. C’est d’ailleurs pourquoi je crus bon de lui demander si elle avait une idée de son emploi du temps pour les prochains jours, me disant que si oui, peut-être que je pourrais commencer à prévoir avec elle certaines choses, les moments que je resterais sur le plateau, ou pas, des trucs dans le genre. Malheureusement, celle-ci était dans le néant concernant ses heures de tournage, ne pouvant me préciser que normalement, elle finissait tard, me faisant clairement comprendre que ce soir était une exception. Inutile de mentionner que pour le coup, je me considérais extrêmement chanceux d’être tombé sur la bonne journée, parce qu’autrement, je sentais que je l’aurais attendue dans sa loge encore bien longtemps. Non pas que ça m’aurait gêné, mais je préférais de loin passer cette soirée dans ce restaurant en sa compagnie. Toutefois, parce que j’étais toujours bien décidé à ne pas l’embêter de quelconque façon, je décidai de lui répondre:  « D’accord. Parce que je ne veux pas te déranger pendant que tu travailles ou quoi que ce soit. Donc si jamais tu veux que je sois là, je serai là, mais si tu préfères que je vienne simplement te chercher à la fin, tu n’as pas à te gêner non plus. Je suis là pour essayer d’égayer un peu ton boulot, pas pour être un boulet » Sur ces mots, j’attrapai une de ses mains, et je la portai à mes lèvres pour y déposer un doux baiser tandis que j’attendais de voir comment elle allait réagir.

 « Tant que je suis là et que ça te fait plaisir, tout me va. » fut la réponse que je fis à Lissandra quand elle me laissa le choix concernant l’emploi du temps qui allait occuper mes journées pendant mon bref séjour avec elle à Salem. Dit comme cela, je me doutais bien que ça sonnait un peu cliché, mais cela résumait très bien l’idée. Je n’étais pas venu ici pour visiter, aller voir un match de football ou quelque chose du genre. En effet, j’étais venu pour passer du temps avec Lissandra, en gardant à l’esprit que je ne pourrais pas être près d’elle pendant des heures, puisqu’elle devait bosser. Pour sûr, j’allais peut-être trouver le temps long si je devais attendre dans sa loge, mais si je me fiais à ses propos, peut-être que je pourrais me tenir à l’écart et regarder un peu comment ça se passait tant et aussi longtemps que je me tenais tranquille ? J’avais beau être actif, il n’en demeurait pas moins que je savais bien me comporter et être calme quand on me le demandait, et pour ma petite-amie, pour sûr, ça valait le coup. Et puis, si je ne pouvais pas être sur place, j’allais me tenir non loin, et je serais là quand elle terminerait de travaillait. Enfin bref, je n’avais pas vraiment peur de voir ce que je ferais, ce qui expliqua pourquoi je gardai mon sourire et ce, jusqu’à ce que notre entrée de pâtes arrive devant nous. Visiblement, le serveur avait compris que nous allions partager - et c’était tant mieux - puisqu’il déposa l’assiette au centre, nous souhaitant ensuite un bon appétit. Je le remerciai encore une fois d’un sourire, puis je me retournai vers Lissandra, et je lui dis, toujours avec ce même sourire:  « Ça sent divinement bon ! Bon appétit, ma chérie. » en ayant fait exprès de lui donner ce petit nom doux. D’un air espiègle, je pris donc ma fourchette, et je m’apprêtai à entamer le plat qui me donnait encore plus faim maintenant qu’il était devant moi.

Je ne pus que me montrer amusé du fait que Lissandra avait décidé de me rendre la pareille et que visiblement, ça ne semblait pas lui déplaire. Oui, c’était un peu nunuche, je n’allais pas le cacher, mais franchement, je ne pouvais pas m’en plaindre. En mon sens, cela faisait partie de la vie de couple. Ce n’était pas grand-chose, mais c’était un signe que la personne qu’on aimait était spéciale, parce qu’on l’appelait par un petit nom que personne d’autre ne pouvait porter, ou du moins, pas de la même façon. Ravi comme un gamin, je n’attendis toutefois pas plus longtemps pour officiellement attaquer cette entrée de pâtes. Évidemment, je comptais faire attention pour ne pas tout manger, même si je mourais de faim, parce que non seulement, je savais bien que j’avais un plat principal plutôt garni qui arriverait sous peu mais de plus, nous partagions cette entrée, alors je voulais quand même en laisser à Lissandra. Pour le coup, je piquai quelques pâtes sur ma fourchette, et j’y goûtai, agréablement surpris du goût que celles-ci avaient, essentiellement en raison de la sauce qui se trouvait dessus. Décidément, nous avions fait un bon choix, et je n’attendis pas plus longtemps pour en faire part à la belle en affirmant:  « Ces pâtes sont vraiment délicieuses ! » en attendant de voir comment ma petite-amie réagirait, et si elle allait se servir à son tour dans le plat.