La vieille grange. Elle se situait à quelques pas de la petite maisonnette qui faisait office de domicile pour abriter le garçonnet ainsi que ses grands-parents. Certes, ce n'était pas très grand, mais bien suffisant puis, elle avait son charme aussi cette vieille bâtisse. Callen appréciait beaucoup la vieille grange, elle devenait - à l'occasion - la gardienne de ses folles idées pour se divertir de cette solitude dont celle d'être un enfant unique était un trait embêtant à son âge. Ce jour-là, Callen était perché sur une échelle de bois, plusieurs fois son grand-père s'était retourné vers lui, lui demandant d'être vigilant, de ne pas tomber. Le garçonnet hochait énergiquement la tête avec un sourire plaqué sur les lèvres, veillant à une obéissance sans faille. Grand-père Ellison, c'était ainsi que beaucoup le surnommait. Marple-Spring et les Ellison, c'est un amour sans frontière -ou presque. Cette famille était devenue résidant permanent depuis bien des années - avant même que grand-père Ellison ne soit venu au monde. Même ce dernier était incapable d'imaginer sa vie ailleurs que dans cette ville si chaleureuse. Toutefois, le couple Ellison - soit les parents de Callen - étaient d'un avis bien différent, s'éloignant beaucoup de cet entrain que la famille avait à établir domicile à Marple-Spring depuis des générations. Ils étaient désireux de voyager, de découvrir le monde. Beaucoup dans cette famille était en accord avec leurs désirs, prétendant que cette ville les engloutiraient dans une lassitude prescrite par avance, d'autre l'étaient moins. L'ombre naissance à ce tableau idyllique à la quête de voyage, de paysage & d'aventure n'était autre que l'enfant. Etait-ce une bonne chose pour ce bambin de mener un semblant de stabilité éphémère ? Ce fut ainsi que les grands-parents Elission prirent Callen à leur charge, se proposant de veiller à son confort, à son éducation, lui fournissant toutes les chances de réussir sa vie, lui offrir tout l'amour qu'ils étaient capables de produire. Si Callen était un petit garçon heureux grâce à la clémence de ses grands-parents, il y avait un rêve auquel il tenait tant. Il avait tant rêvé d'avoir des frères & soeurs avec qui il aurait peut-être eu l'occasion de mettre à exécution ses plans quelque diabolique pour faire tourner bourrique les adultes. Une image qu'il a longuement caressé du bout des doigts. Une illusion. Rien de plus. Le couple que formaient ses parents avaient tenté d'avoir d'autres enfants, cependant, cette bataille était vouée à l'échec. Il y eut donc Frizzie. L'amie imaginaire, celui qui était capable de le comprendre mieux que personne. De comprendre le monde dans lequel Callen trouvait refuge après l'école. Une enfance sertie d'une certaine banalité. Elle n'en demeura pas moins entacher par l'absence d'un père & d'une mère que Callen dénoncera - plus tard - comme un abandon.

Les mots se greffaient les uns derrières les autres, quelques griffonnages sur le coin d'une page quasi vierge. Callen perdait patience, les encéphales en ébullition, il peinait à trouver les mots concernant cette fichue rédaction. « J'abandonne ! » un simple murmure qui donnait toute la mesure du problème avec le jeune Ellison. Il abandonnait vite les choses sans fournir le moindre efforts notable. Il entendait à peine la respiration de la personne qui se tenait à ses côtés pourtant, il lui était aisé de deviner son agacement face au comportement dont il faisait preuve. « Tu comptes faire quoi de ta vie Callen ? » Ce dernier avait raison, la colère avait fini par gagner le cœur de son interlocutrice, la seule personne capable de croire en les capacités de l'adolescent, celle qui avait malgré le travail immense à fournir - accepter de fournir des cours particuliers au jeune Ellison. La fin de cette fâcheuse question lui fit l'effet d'un crochet au visage d'une violence démesurée. Rien, il n'en savait rien. La réponse refusait de franchir les barrières de ses lèvres. Une réponse qui l'effrayait effroyablement. Callen était devenu le genre de gamin à suivre les copains de classe dans les plans foireux, trop occupé à faire l'andouille pour suivre avec assiduité le cursus scolaire. C'était un sale gosse comme beaucoup d'autres, il était devenu une personne dont le fossé avec l'enfant qu'il fut été béant. Selon les parades des psychologues qu'il consultait par obligation et - non par plaisir estimait que ceci n'était que le fruit d'une blessure, d'une fêlure dont la cicatrisation serait longue. Callen se souvenait clairement de cette sensation d'étouffement, d'avoir cherché une personne du regard alors, qu'il était dans l'incapacité de dire de qui il s'agissait, il avait simplement cherché de l'aide parmi la petite foule de personnes présentes. Ce souvenir précis des bourdonnements que lui offrait ces quelques mots - sincères condoléances - il décrochait très souvent bien avant cet instant. Des remerciements étouffés lui échappait, il avait simplement émit le souhait de partir, de se réfugier pour cacher aux yeux du monde la douleur qui lui rongeait les muscles, le coeur. Perdre le seul model masculin de son enfance, de sa vie fut plus douloureux qu'il n'avait jamais osé l'imaginer. Le temps avait eu raison de la santé pour grand-père Ellison. Si Callen avait encore auprès de lui sa grand-mère pour - il l'espérait - quelques années, la sensation de vide ne le quittait pas un seul instant. Le temps ferait les choses, une promesse - ou un mensonge. Qu'importe, il s'en fichait royalement.

Un regard électrique, une crinière blonde, un esprit quelque peu sauvage, pourtant si douce à la fois. Une seule phrase qui résumait à la perfection la jeune femme qui se tenait non loin de Callen. Le jeune homme se forçait à tenir une distance minimal entre eux, c'était un choix raisonnable - ou complètement fou lorsqu'il s'apercevait de l'effet que produisait cette femme sur sa personne. « Qu'est-ce que tu fou Sinéad, bordel ? »  Elle se fichait complètement de sa question, elle laissait le silence pour seule réponse. Elle était plantée au milieu du salon, se libérant des bouts de tissus qui cachaient sa peau si délicate finissant par se retrouver avec pour seul tenu la dentelle noire qui cachée les parties les plus secrètes de son corps. Callen était incapable de décrocher son regard de cette peau satiné, elle le savait. Elle le connaissait que trop bien. « Alors, quoi Callen ? Je ne suis pas assez bien pour toi ? Mon corps ne te plait pas pourtant, il n'est pas bien différent de celui de tes nombreuses...catins » Les paroles lui fièrent l'effet d'un coup de poignard, il refusait cette pensée. Il refusait qu'elle ait si peu d'estime de sa propre personne. Le désir lui brûlaient la peau, il aurait tant aimé la posséder pleinement, de lui faire découvrir les plaisirs charnel à sa façon, qu'elle ne lui appartienne qu'à lui & à personne d'autre. Sinéad. Son prénom était comme un ronronnement, un plaisir à entendre, une satisfaction. En deux enjambées, il se tenait près d'elle, serrant les poings décidés de résister à l'envie de la prendre maintenant, de toucher sa peau, de sentir la chaleur de son corps frêle contre le sien, de la serrer contre lui. « Je ne peux pas faire ça, je te briserais. Je ne suis pas doué pour les bonnes relations, je serais néfaste à ta vie » Callen était une personne instable, incapable d'être certains de ses sentiments lorsque le jour suivant viendrai mais, il avait besoin d'elle, il savait qu'il ne tiendrait pas de la voir aux bras d'un autre. « Essaie pour voir, je n'en crois pas un mot » Des paroles chuchoté aux creux de son oreille alors, qu'elle s'était rapprochée de lui éloignant toutes barrières entre eux. C'était là que tout résidait, elle mettait tant de confiance envers Callen qui lui en était douloureux d'en faire l'observation. Douloureux & heureux à la fois. Il n'avait plus rien à dire après cette déclaration qui sonnait comme un sombre défi. Alors, il prit possession des lèvres de la jeune femme avec ferveur, laissant ses mains livrer de subtiles caresses si parfait aux yeux de Callen. Ce soir, elle serait sienne. Si un jour je parle de moi, il y aura forcément un moment où je parlerais de toi

Croire en soi, c'est déjà presque réussir. Une phrase qui ne correspondait pas entièrement à Callen. Adolescent, il avait toujours fini par remettre en doute les choix qu'il faisait. Devenu un adulte, il était déterminé à faire quelque chose de sa vie, refusant de finir comme serveur dans un café. Il l'avait suffisamment fait pour venir au besoin financier de ses études. Professeur. Ce fut un choix inattendu tout aussi surprenant pour lui, que pour son entourage. Son choix se justifier par une seule phrase : Les enfants ont tant à donner & à recevoir. Quitter Marple Spring, il n'y songe jamais réellement. Il a bâti toute sa vie au sein de cette ville. Peut-être un jour aura-t-il le désir de voyager lorsqu'il finira engloutit par la lassitude. Si son quotidien semble paisible et les problèmes dissolus, les relations humaines restent toujours un point quelque peu sensible dans la vie de Callen. Une particularité sur laquelle il consent à faire des efforts à son rythme, bien évidemment.